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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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la diversité spécifique élevée <strong>et</strong> la complexité du réseau trophique favorisaient la stabilité d’un<br />

écosystème, <strong>et</strong> donc sa résistance aux introductions d’espèces <strong>et</strong> aux <strong>invasions</strong>. Inversement,<br />

les perturbations accroitraient la susceptibilité <strong>de</strong> l’écosystème aux introductions (‘introductibilité’<br />

<strong>et</strong> aux <strong>invasions</strong> (‘invasibilité’). C<strong>et</strong> ensemble conceptuel a été nommé Ecological Resistance<br />

Theory (ERT). Ces idées étaient en accord avec la vision idylique <strong>et</strong> plus ou moins<br />

‘biblique’ <strong>de</strong> l’écologie à l’époque d’Elton ; les communautés y étaient perçues comme un<br />

analogue <strong>de</strong>s sociétés humaines, avec la division du travail, <strong>de</strong>s niches écologiques bien séparées,<br />

<strong>et</strong>c. ; la communauté idéale était stable <strong>et</strong> ‘en équilibre’. Les concepts, en écologie, ont<br />

beaucoup changé, <strong>et</strong> l’ERT sera analysée, ci-<strong>de</strong>ssous, <strong>de</strong> façon critique (Richardson <strong>et</strong> Pyšek,<br />

2007 ; Boudouresque <strong>et</strong> Verlaque, 2012).<br />

5.3.1. La faible biodiversité, facteur <strong>de</strong> succès <strong>de</strong>s <strong>invasions</strong> ?<br />

La faible biodiversité du milieu récepteur a été traditionnellement considérée comme favorisant<br />

le succès <strong>de</strong>s introductions, dans le cadre <strong>de</strong> l’ERT (Elton, 1958) ; les ports <strong>et</strong> les lagunes<br />

littorales, milieux où la diversité spécifique est relativement faible, constitueraient donc <strong>de</strong>s<br />

milieux favorables aux introductions 76 (Tabl. VII <strong>et</strong> VIII; Ribera <strong>et</strong> Boudouresque, 1995 ;<br />

GESAMP, 1997 ; Boudouresque, 1999a ; Reise, 1999 ; Wolff, 1999 ; Occhipinti Ambrogi,<br />

2000a ; Minchin <strong>et</strong> Eno, 2002 ; Occhipinti <strong>et</strong> Savini, 2003). Le succès <strong>de</strong> Codium fragile en<br />

Nouvelle Ecosse <strong>et</strong> en Nouvelle Angl<strong>et</strong>erre, où l'espèce connaît un très grand développement,<br />

alors qu'elle est discrète <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> l'Atlantique, en Europe, pourrait être dû au fait que<br />

la diversité spécifique y est 3 fois plus faible que le long <strong>de</strong>s côtes d'Europe ; en outre, le<br />

genre Codium n’y est représenté par aucune espèce indigène, contre cinq en Europe (Chapman,<br />

1999). En Méditerranée orientale, la diversité spécifique relativement faible qui caractérise<br />

ce bassin (par rapport à la Méditerranée occi<strong>de</strong>ntale) pourrait constituer une explication<br />

au succès <strong>de</strong>s espèces lessepsiennes (Boudouresque, 1999b). De même, en région tropicale, la<br />

diversité spécifique plus faible à Hawaiï (en raison <strong>de</strong> son isolement) qu'en Australie du Nord<br />

pourrait expliquer que les introductions sont nombreuses à Hawaiï alors que l'Australie du<br />

Nord semble relativement résistante aux <strong>invasions</strong> <strong>biologiques</strong> (Hutchings <strong>et</strong> al., 2002).<br />

Tableau VII. Pourcentage d'espèces introduites dans les eaux saumâtres <strong>de</strong>s Pays-Bas. D'après Wolff (1999).<br />

Nombre total d'espèces Nombre d'espèces introduites %<br />

Eaux saumâtres peu salées 80 16 20%<br />

Eaux saumâtres salées 250 14 6%<br />

De même, dans le domaine continental, le succès <strong>de</strong>s espèces introduites dans les milieux<br />

insulaires pourrait être lié à leur mo<strong>de</strong>ste diversité spécifique. Aux îles <strong>de</strong> la Société (Polynésie<br />

française), où l'on connaît 623 espèces <strong>de</strong> magnoliophytes indigènes (dont 273 endémiques),<br />

80 espèces ont été apportées anciennement par les polynésiens <strong>et</strong> 1 500 espèces par<br />

les européens. Parmi celles qui se sont naturalisées, Cypreus rotundus, Lanthana camara,<br />

Mimosa invisa, Rubus rosifolius, Psidium cattleianum, P. gnajava, Merremia peltata <strong>et</strong> surtout<br />

Micomia calvescens (voir plus loin) sont considérées comme <strong>de</strong>s ‘pestes’, c'est-à-dire <strong>de</strong>s<br />

espèces invasives (Meyer, 1996). La relation entre succès <strong>de</strong>s introductions <strong>et</strong> faible biodiversité<br />

a été confirmée expérimentalement, dans le cas d'une communauté <strong>de</strong> micro-organismes,<br />

76 Les perturbations <strong>et</strong> stress qui caractérisent ou peuvent caractériser ces milieux peuvent également jouer un<br />

rôle : voir plus loin (§ 5.3.5).<br />

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