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invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...

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n'est pas protégée par une convention internationale (CITES) ou en droit français, son commerce<br />

est pratiquement libre ; les autorisations <strong>et</strong> les contrôles sont centrés sur la sécurité <strong>de</strong>s<br />

personnes <strong>et</strong> le bien-être <strong>de</strong>s animaux (Guillaume, 2003 ; Perr<strong>et</strong>, 2003). Des espèces réputées<br />

invasives, pour lesquelles <strong>de</strong>s sommes importantes sont consacrées à l'éradication, sont en<br />

vente dans les jardineries ; dans le cas <strong>de</strong> la jussie Ludwigia, il a fallu attendre 2007 pour que<br />

soit décidée son interdiction (Dutartre, 2003 ; Dan<strong>de</strong>lot <strong>et</strong> al., 2005). En outre, il existe en<br />

France une curieuse boucle décisionnelle : les autorisations (quand elles sont <strong>de</strong>mandées,<br />

puisqu'elles ne sont pas obligatoires) le sont généralement par <strong>de</strong>s professionnels proches <strong>de</strong><br />

l'IFREMER 160 ou par <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> l'IFREMER ; or, c'est vers l'IFREMER que se tourne<br />

automatiquement le Ministère <strong>de</strong> l'Environnement pour donner un avis sur le dossier présenté<br />

(‘boucle décisionnelle’) ; on cite au moins un cas où c'est en fin <strong>de</strong> compte le chercheur qui<br />

avait formulé la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui a donné un avis sur le dossier qu'il avait établi.<br />

La Loi 2008-476 du 22 Mai 2008 autorise l'adhésion <strong>de</strong> la France à la convention internationale<br />

pour le contrôle <strong>et</strong> la gestion <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> ballast <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sédiments <strong>de</strong> navire. Toutefois,<br />

l’entrée en vigueur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te convention ne se fera que lorsqu’au moins 30 Etats, dont les<br />

flottes marchan<strong>de</strong>s représentent au moins 35% du tonnage brut <strong>de</strong> la flotte mondiale, l’auront<br />

ratifiée. En 2010, seuls 22 pays, représentant 26% <strong>de</strong> la flotte mondiale, l’avaient ratifiée, <strong>de</strong><br />

telle sorte qu’elle n’est pas en vigueur. Mais, même si c’était le cas, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r quel<br />

sort lui réserverait la technostructure du Ministère <strong>de</strong> l'Environnement : le même sort qu'à la<br />

Loi Barnier <strong>de</strong> 1995 ?<br />

11.4. Conclusions sur la législation<br />

La législation actuelle est donc totalement inadaptée face aux pratiques <strong>de</strong> l'aquariologie, <strong>de</strong><br />

la recherche scientifique, <strong>de</strong> l'aquaculture <strong>et</strong> <strong>de</strong> la navigation (eaux <strong>de</strong> ballast), les principales<br />

sources d'introduction d'espèces en milieu marin. En outre, elle ne prend pas en compte les<br />

introductions secondaires : dissémination par l'homme d'une espèce déjà introduite, qui lui<br />

perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> progresser plus rapi<strong>de</strong>ment que ses moyens <strong>de</strong> dissémination ne le lui perm<strong>et</strong>tent<br />

(Kowarik, 2003). Par ailleurs, la fragmentation du pouvoir décisionnel entre <strong>de</strong> multiples administrations<br />

en charge <strong>de</strong> la mer rend l'application <strong>de</strong> la législation, quand elle existe, inefficace.<br />

Les conventions internationales sont largement redondantes, parfois contradictoires<br />

(par exemple avec l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC ou WTO 161 ), ce qui alourdit<br />

la tâche <strong>de</strong>s administrations (Ashton <strong>et</strong> Mitchell, 1989 ; Briand, 1994 ; Carlton, 1996a ;<br />

Glowka, 1998 ; Simberloff, 1998 ; Ikin, 2002). Les principes du libre échange, <strong>de</strong> la liberté du<br />

commerce <strong>et</strong> <strong>de</strong> la lutte contre le protectionnisme, développés par l’OMC, s'opposent clairement<br />

aux conventions internationales <strong>et</strong> aux législations nationales visant à prévenir les introductions<br />

d'espèces (Bright, 1998). Enfin, les législations nationales, lorsqu'elles sont contraignantes,<br />

tentent <strong>de</strong> protéger le pays contre les introductions importées, mais jamais contre<br />

l'exportation d'espèces vers <strong>de</strong>s pays tiers 162 (Bright, 1998).<br />

Dans le cas <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> ballast, <strong>de</strong>s solutions ont été suggérées : déballaster <strong>et</strong> reballaster au<br />

milieu <strong>de</strong> l'océan, chauffer l'eau <strong>de</strong> ballast, traiter l'eau aux ultra-viol<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> enfin filtrer ces<br />

160 IFREMER : Institut Français <strong>de</strong> Recherche pour l'Exploitation <strong>de</strong> la Mer.<br />

161 WTO = World Tra<strong>de</strong> Organization.<br />

162 Par exemple, quand le gouvernement américain a imposé <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> décontamination <strong>de</strong>s pneus importés,<br />

vecteurs <strong>de</strong> l'introduction du moustique tigré, il ne les a pas assorties <strong>de</strong> mesures similaires concernant l'exportation<br />

<strong>de</strong>s pneus. Comme le moustique tigré, originaire d'Asie, est introduit aux USA, cela lui laisse <strong>de</strong> belles<br />

possibilités d'extension à travers le mon<strong>de</strong> (Bright, 1998).<br />

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