invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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1993 ; Caddy, 1994 ; Gesamp, 1997 ; Ivanov <strong>et</strong> al., 2000). C'est finalement Beroe ovata qui a<br />
été introduit en mer Noire en 1997 (Tardieu, 2004 ; Stone, 2005) ( 178) : le déclin <strong>de</strong> Mnemiopsis<br />
leidyi a été rapi<strong>de</strong>, avec pour conséquence l'accroissement du zooplancton, multiplé par 5,<br />
<strong>de</strong>s œufs <strong>et</strong> larves <strong>de</strong> téléostéens <strong>et</strong> finalement <strong>de</strong>s téléostéens eux-mêmes (Fig. 54, page 96 ;<br />
Shiganova <strong>et</strong> Bulgakova, 2000 ; Galil, 2002 ; Shiganova <strong>et</strong> al., 2003).<br />
Pour contrôler le chlorobionte Caulerpa taxifolia (MAAS) en Méditerranée, Meinesz <strong>et</strong> al.<br />
(1996) ont envisagé <strong>de</strong> faire appel à <strong>de</strong>ux mollusques opistobranches <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s ascoglosses,<br />
Elysia subornata <strong>et</strong> Oxynoe azuropunctata, provenant <strong>de</strong> la Martinique (Antilles) ;<br />
ces <strong>de</strong>ux espèces sont spécialisées dans la consommation <strong>de</strong>s Caulerpa ; entre 20 <strong>et</strong> 30 °C, un<br />
individu d'E. subornata consomme 2 à 3 feuilles <strong>de</strong> C. taxifolia par jour (Fig. 105). Le proj<strong>et</strong><br />
n'a pas dépassé pour le moment le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la simulation sur ordinateur, qui montre que le<br />
contrôle par ces ascoglosses pourrait être efficace (Coquillard <strong>et</strong> al., 2000 ; Thibaut <strong>et</strong> al.,<br />
2001) ; <strong>de</strong>s essais avec l'espèce indigène <strong>de</strong> Méditerranée Oxynoe olivacea ont en revanche<br />
été décevants ; en eff<strong>et</strong>, non seulement l'ascoglosse fragmente les feuilles, mais elle néglige<br />
les rhizomes (Thibaut <strong>et</strong> Meinesz, 2000 ; Gianguzza <strong>et</strong> al., 2007).<br />
Dans les eaux douces d'Amérique du Nord, où la magnoliophyte introduite d'origine eurasienne<br />
Myriophyllum spicatum constitue une nuisance majeure, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s préliminaires semblent<br />
montrer que le coléoptère indigène Euhrychiopsis lecontei pourrait être utilisé dans le cadre<br />
<strong>de</strong> la lutte biologique (Newman <strong>et</strong> al.,1996).<br />
Fig. 105. Le mollusque ascoglosse Elysia subornata, originaire<br />
<strong>de</strong>s Antilles, agent possible <strong>de</strong> lutte biologique contre<br />
le chlorobionte Caulerpa taxifolia (MAAS) en Méditerranée.<br />
Photo Alexandre Meinesz, in Gravez <strong>et</strong> al. (2001).<br />
Concernant la lutte biologique, il existe un consensus<br />
relatif sur les principes <strong>de</strong> base suivants<br />
(Oduor, 1996 ; Carlton, 1997 ; Louda <strong>et</strong> al.,<br />
1997 ; Strong <strong>et</strong> Pemberton, 2000) : (i) L'espèce<br />
utilisée doit être un prédateur ou un parasite spécifique<br />
(si possible exclusif) <strong>de</strong> l'espèce cible. (ii)<br />
L'objectif n'est pas l'éradication complète <strong>de</strong> l'espèce<br />
cible, qui est irréaliste, mais la réduction <strong>de</strong><br />
ses effectifs à un niveau acceptable. (iii) La prévision<br />
exacte du succès ou <strong>de</strong> l'échec d'une opération<br />
<strong>de</strong> lutte biologique, <strong>et</strong>, en cas <strong>de</strong> succès, <strong>de</strong><br />
son caractère durable, est difficile ; en d'autres<br />
termes, en matière <strong>de</strong> lutte biologique, le ‘risque<br />
zéro’ n'existe pas.<br />
Les proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> lutte biologique doivent donc, préalablement à toute mise en oeuvre, répondre<br />
aux questions suivantes : (i) L'espèce éligible pour la lutte biologique peut-elle être présumée<br />
efficace dans ce rôle ? (ii) L'espèce éligible peut-elle se naturaliser, c'est-à-dire entrer dans la<br />
catégorie <strong>de</strong>s espèces introduites ? (iii) L'espèce éligible restera-t-elle focalisée sur sa cible ?<br />
Même si sa spécificité est totale dans sa région d'origine, <strong>et</strong> même si lors d'expériences pré-<br />
178 Officiellement, Beroe ovata est arrivé acci<strong>de</strong>ntellement (Ivanov <strong>et</strong> al.,2000).<br />
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