invasions et transferts biologiques - Centre d'Océanologie de ...
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6.1. L'arrivée <strong>et</strong> la phase d'installation<br />
L'arrivée est la phase dans laquelle le hasard tient la plus gran<strong>de</strong> place. Une simple diaspore<br />
(= propagule), un couple, une femelle enceinte, peuvent servir <strong>de</strong> base à une invasion biologique<br />
(Mollison, 1986). Un prédateur <strong>de</strong> passage peut faire avorter la tentative d’une espèce<br />
candidate.<br />
L’installation (survie <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong> l’espèce candidate dans la région receveuse) ne garantit<br />
pas le succès <strong>de</strong> l’introduction : l’espèce candidate peut ne pas survivre à la saison sèche,<br />
ou humi<strong>de</strong>, ou froi<strong>de</strong>, ou chau<strong>de</strong>, qui suit celle <strong>de</strong> son arrivée. L’espèce candidate peut également<br />
ne pas se reproduire, soit en raison <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> milieu incompatibles avec ses exigences<br />
écologiques, soit en raison <strong>de</strong> la rar<strong>et</strong>é ou <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong>s partenaires sexuels.<br />
Entre l'arrivée <strong>et</strong> l'éventuelle naturalisation (= introduction), le temps peut être très long<br />
(temps <strong>de</strong> latence ; lag time). Ceci est illustré par un certain nombre d'espèces continentales,<br />
plantées dans <strong>de</strong>s jardins privés ou <strong>de</strong>s jardins botaniques, <strong>et</strong> qui ont fini par se naturaliser <strong>et</strong><br />
s'en échapper, 29 à 265 ans après leur plantation (Tabl. X) (Ellstrand <strong>et</strong> Schierenbeck, 2000 ;<br />
Sakai <strong>et</strong> al., 2001). La plupart <strong>de</strong>s espèces ainsi plantées ne se sont pas naturalisées (pour le<br />
moment). Du reste, la plupart <strong>de</strong>s espèces qui arrivent ne se naturalisent pas (voir § 5.6). Toutefois,<br />
chez les espèces <strong>de</strong> plantes terrestres (magnoliophytes, Viridiplantae), la probabilité<br />
d'introduction est fortement corrélée au nombre d'années pendant lesquelles elles ont été<br />
commercialisées (Pemberton <strong>et</strong> Liu, 2009).<br />
Tabl. X. Temps <strong>de</strong> latence entre l'arrivée d'espèces d'arbres <strong>et</strong> <strong>de</strong> buissons (magnoliophytes, embryophytes, Archaeplastida)<br />
en Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, dans <strong>de</strong>s jardins privés ou <strong>de</strong>s jardins botaniques, <strong>et</strong> leur naturalisation (=<br />
introduction). D'après Williamson <strong>et</strong> Brown in Shiva (1996).<br />
Espèces Temps <strong>de</strong> latence<br />
avant naturalisation<br />
Arbres Prunus serotina 29 ans<br />
Prunus mahaleb 54 ans<br />
Salix intermedia 112 ans<br />
Robinia pseudoacacia 152 ans<br />
Acer negundo 183 ans<br />
Laburnum anagyroi<strong>de</strong>s 198 ans<br />
Buissons Mahonia acuifolium 38 ans<br />
Lycium barbarum 70 ans<br />
Cornus alba 84 ans<br />
Phila<strong>de</strong>lphus coronarius 183 ans<br />
Colutea arborescens 265 ans<br />
6.2. La phase d'expansion<br />
Au début <strong>de</strong> la phase d'expansion, la prolifération <strong>de</strong> l'espèce introduite peut être rapi<strong>de</strong>, ou au<br />
contraire présenter à nouveau un temps <strong>de</strong> latence plus ou moins long, soit pour l'abondance<br />
<strong>de</strong>s individus, soit pour l'expansion géographique.<br />
Ce temps <strong>de</strong> latence (lag-time), comme celui qui précè<strong>de</strong> la naturalisation (§ 6.1), peut être (i)<br />
inhérent à l'espèce ; il est dû à <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> multiplication faibles <strong>et</strong>/ou à l'Allee effect (réduction<br />
<strong>de</strong> la fitness lorsque la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s individus est faible). (ii) Il peut être dû au fait que<br />
<strong>de</strong>s conditions écologiques défavorables à l'espèce se modifient <strong>et</strong> lui <strong>de</strong>viennent favorables<br />
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