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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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PAUL ANDRÉ 119<br />

Cela lui permettait d'évaluer avec ravissement le<br />

nombre énorme, mais encore bien infime à son gré,<br />

<strong>de</strong>s minutes qu'elle allait vivre, seule à seul, avec<br />

Victor Donjeux...<br />

Enfin le moment vint où il fallut se séparer. Les<br />

<strong>de</strong>rnières hâtes, le souci <strong>de</strong> n'oublier aucune recommandation,<br />

<strong>de</strong> répéter pour la vingtième fois à sa<br />

sœur les ordres du mé<strong>de</strong>cin à exécuter ponctuellement,<br />

le soin <strong>de</strong> la malle à faire transporter à la gare,<br />

les brefs adieux à la mercière, voisine affectueuse aux<br />

jours d'alarme et <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, ramenèrent Delphine<br />

aux réalités dont son esprit en pretantaine la forçait<br />

<strong>de</strong> plus en plus à s'éva<strong>de</strong>r.<br />

Cécile ne vint pas à la gare. Elle se mit à la fenêtre<br />

ouverte, au côté <strong>de</strong> Louis, et lorsque les voyageurs<br />

passèrent sur le pont, ils échangèrent <strong>de</strong> longs signes<br />

d'adieu, agitant <strong>de</strong>s mouchoirs blancs qui flottaient<br />

dans l'air ensoleillé comme <strong>de</strong>s vols d'ailes allègres.<br />

Delphine, avant <strong>de</strong> disparaître, fit encore une fois à sa<br />

sœur le geste d'écrire : ses doigts tracèrent sur la main<br />

gauche ouverte d'imaginaires phrases.<br />

— Cécile est si distraite, dit-elle à son compagnon.<br />

Elle est capable d'oublier <strong>de</strong> m'envoyer sa lettre<br />

chaque matin !<br />

Ils arrivaient à la gare.<br />

Peu <strong>de</strong> temps se passa avant le départ. Le train<br />

enfin s'ébranla dans un tintamarre <strong>de</strong> ferraille. Ils<br />

étaient seuls.<br />

Au début, ils ne se parlèrent pas. Delphine avait<br />

relevé sa voilette. Les plis du tulle lui ceignaient le<br />

front d'un turban noir. Victor regardait les <strong>de</strong>rnières<br />

maisons <strong>de</strong> la ville qu'ils dépassaient. Il aperçut la<br />

roche Bayard au pied <strong>de</strong> laquelle sa flânerie nocturne<br />

l'avait conduit la veille; il chercha dans les verdures<br />

quelle pouvait bien être la villa d'où s'était échappé

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