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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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194 ENTRETIENS SUR LES POETES<br />

dans les Poèmes anciens et romanesques d'Henri <strong>de</strong><br />

Régnier, dans Les Gammes <strong>de</strong> Stuart Merrill, toujours<br />

une Princesse promenait sa nonchalance au<br />

bord <strong>de</strong>s eaux, s'accoudait aux balustra<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s terrasses,<br />

et, rêveuse, attendait, les cheveux dénoués sur<br />

l'étincellement <strong>de</strong> ses joyaux, la venue assurée d'un<br />

Prince inconnu et charmant. Ses doigts même souvent<br />

caressaient le cou blanc d'une licorne. L'attitu<strong>de</strong><br />

d'une rêverie, anxieuse <strong>de</strong> ce que lui pouvait promettre<br />

l'avenir, toute parée s'offrant aux premières<br />

caresses <strong>de</strong> ses lèvres, constituait l'essentiel instrument<br />

<strong>de</strong> toute bonne allégorie, et se confondait —<br />

pourquoi n'en pas convenir? — avec l'idée facile qu'on<br />

se formait alors du symbole.<br />

C'était à l'époque où la Belgique émerveillait <strong>de</strong><br />

son réveil littéraire. Les censeurs s'empressaient <strong>de</strong><br />

reprocher, aux groupements <strong>de</strong> poètes nouveaux, le<br />

grand nombre <strong>de</strong> noms étrangers qu'ils y avaient<br />

surpris. Dans la génération précé<strong>de</strong>nte, José Maria<br />

<strong>de</strong> Heredia, Espagnol cubain, avait composé les sonnets<br />

les plus magnifiquement, les plus limpi<strong>de</strong>ment<br />

français : c'était un hommage précieux d'un latin à<br />

l'excellence et à la beauté <strong>de</strong> notre langue. Mais que<br />

<strong>de</strong>s Américains, Anglo-Saxons, comme Viélé Griffin<br />

et Stuart Merrill, que l'Hellène Moréas, que les<br />

Flamands Ro<strong>de</strong>nbach, Verhaeren, Maeterlinck,<br />

Albert Giraud, Max Elskamp, Van Lerberghe, fussent<br />

venus enrichir un idiome qui n'était peut-être pas<br />

leur idiome paternel, l'idée ne pouvait pas en être<br />

supportée. N'y allaient-ils pas introduire tels tours<br />

d'esprit exotique, telle habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> langage inusité<br />

jusqu'à eux? Comme si les langues ne tiraient pas,<br />

toutes, leurs richesses <strong>de</strong> leurs emprunts à l'étranger,<br />

et comme s'il ne se faisait pas entre elles un perpétuel<br />

échange <strong>de</strong> mots, un constant mouvement <strong>de</strong> la<br />

pensée !<br />

Quoi qu'il en soit, la littérature française ne peut<br />

s'enorgueillir, actuellement, d'aucune syntaxe plus<br />

classique que celle d'Albert Giraud ou <strong>de</strong> Stuart

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