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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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LES THEATRES<br />

santés <strong>de</strong> la femme qu'une malsaine sensualité attache, hors <strong>de</strong><br />

tout autre sentiment, à sa fripouille d'homme.<br />

On la maria naguère à celui-ci contre son gré ; on veut aujourd'hui<br />

la séparer <strong>de</strong> lui. Dupe elle fut <strong>de</strong> sa mère avare et sans<br />

bonté; dupe <strong>de</strong> sa sœur sournoisement intéressée ; dupe elle<br />

sera plus tard du mari qui la trompe et la ruine.<br />

Les situations révoltantes par leur horreur outrée ; les mots<br />

cinglants, l'âpre ironie, les louches <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> cette famille<br />

écœurante, le cynisme répugnant du mari joueur, paillard,<br />

grossier et brutal donnent une impression <strong>de</strong> malaise exagérée<br />

jusqu'au dégoût à certains moments.<br />

Certes, le talent dramatique <strong>de</strong> l'auteur est incontestable ; mais<br />

sa volonté d'écrire une satire âpre et violente ne lui fait ménager<br />

aucune ressource <strong>de</strong>s « effets » à sensation.<br />

L'interprétation peut seule sauver une telle pièce <strong>de</strong>s chutes<br />

et <strong>de</strong>s protestations. Or, Mme S. Després et M. Lugné-Poé ont<br />

mérité les plus sincères et les plus légitimes acclamations. Rien<br />

ne peut égaler le naturel émouvant, le tragique sobre, la vérité<br />

d'accent et <strong>de</strong> composition <strong>de</strong>s rôles tenus par ces <strong>de</strong>ux artistes.<br />

Le Passé. — Encore une pièce sur l'âge, sur la jeunesse, sur<br />

l'automne du cœur, sur le déclin d'amour... Le thème est<br />

variable à l'infini ; les auteurs l'utilisent chaque jour.<br />

Dominique Brienne en est à cette époque mélancolique <strong>de</strong> la<br />

vie d'une femme où <strong>de</strong>s mèches blanches commencent à pâlir<br />

les plus noires chevelures, où la vie est faite déjà <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

souvenir que d'espérance. Dominique, au len<strong>de</strong>main d'une<br />

trahison d'amour qui versa pour toujours en elle du <strong>de</strong>uil et <strong>de</strong><br />

l'amertume, a <strong>de</strong>mandé à l'art un peu <strong>de</strong> consolation à défaut<br />

d'oubli. Elle est <strong>de</strong>venue sculpteur <strong>de</strong> grand talent et s'est fait un<br />

cercle d'amis, artistes comme elle, mais frivoles ou tout au<br />

moins insouciants en matière d'amour comme à peu près tous<br />

les hommes, comme ce François Prieur surtout, l'amant <strong>de</strong><br />

naguère dont la trahison a brisé toute confiance et peut-être<br />

toute bonté en l'âme <strong>de</strong> Dominique. Par un étrange et très<br />

authentique réflexe sentimental, d'avoir été victime du mensonge,<br />

Dominique conçoit une horreur profon<strong>de</strong> pour cette<br />

permanente duperie tolérée que l'homme professe à l'égard <strong>de</strong><br />

la femme. Elle souffre, dans le milieu léger, volontiers un peu<br />

cynique, superficiel en tout cas et sans grand scrupule pas-

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