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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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132 LES LIVRES<br />

d'un chapeau en cloche sans rubans, rose et grasse, avec <strong>de</strong><br />

vigoureux bras nus et cette démarche virile qu'on imagine à<br />

certaines femmes <strong>de</strong> Manet. M. Lemonnier a écrit ce roman<br />

avec son imagination <strong>de</strong> peintre. Point d'événements, mais<br />

<strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts, <strong>de</strong>s paysages, <strong>de</strong>s sortes <strong>de</strong> tableaux <strong>de</strong> genre<br />

dont il semble qu'on pourrait toucher avec le doigt le velouté du<br />

pastel ou la fraîcheur vernie <strong>de</strong> la gouache... Plaisir sensuel,<br />

joie gourman<strong>de</strong>, toujours M. Lemonnier m'évoque le verger au<br />

soleil, la chambre basse et fraîche, assombrie par le store baissé,<br />

à midi, lorsque la guêpe bourdonne autour <strong>de</strong> la corbeille<br />

odorante et dorée et que le café fume au bord <strong>de</strong>s tasses peintes.<br />

On éprouve à la lecture <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong> ses romans, l'émotion<br />

qu'on ressent <strong>de</strong>vant un tableau <strong>de</strong> Claus... Nul autre <strong>de</strong> nos<br />

écrivains n'a ce sens plein et savoureux <strong>de</strong>s beautés matérielles,<br />

nul ne parle comme lui <strong>de</strong>s saisons, <strong>de</strong>s jardins, <strong>de</strong>s étoffes, <strong>de</strong>s<br />

couleurs, <strong>de</strong>s corps et <strong>de</strong>s visages, <strong>de</strong> tout ce qu'aiment les sens,<br />

<strong>de</strong> tout ce qui suscite l'émotion voluptueuse... Que <strong>de</strong> choses il<br />

y aurait à dire sur cet artiste génial, si tout n'avait pas été dit.<br />

Mais, hélas! je viens un peu tard.<br />

BLANCHE ROUSSEAU.<br />

Léon Séché : LAMARTINE DE 1816 A I8?O. ELVIRE ET LES<br />

MÉDITATIONS.<br />

(Un vol. in-18 à 3 fr. 50. Ed. du Mercure <strong>de</strong> France.)<br />

Une femme a écrit ceci, paraît-il, au consciencieux et érudit<br />

biographe et commentateur <strong>de</strong> Lamartine : « S'il était acquis<br />

» que Mme Charles n'a pas été l'Elvire sans tache que nous<br />

» avons admirée et honorée jusqu'à ce jour, non seulement cette<br />

» figure unique serait jetée à bas <strong>de</strong> son pié<strong>de</strong>stal, mais encore<br />

» les ouvrages qu'elle a inspirés, <strong>de</strong>puis les Méditations jusqu'à<br />

» Raphaël, perdraient la meilleure part <strong>de</strong> leur caractère en<br />

» perdant leur sincérité. »<br />

Pouvons-nous partager cet avis <strong>de</strong> la correspondante <strong>de</strong><br />

M. Séché? Il ne m'est pas possible cependant d'oublier que ce<br />

n'est pas en réalité Mme Charles, née Julie Bouchaud <strong>de</strong>s<br />

Hérettes, que Lamartine a aimée ; ce n'est pas la femme d'un<br />

physicien, même illustre, qui a inspiré le Lac ; ce n'est pas la<br />

jeune poitrinaire qui est chantée dans Raphaël; mais c'est Elvire,<br />

non une femme, non une épouse, non une phtisique agonisante,<br />

mais la Muse, la Muse chère à tout poète épris et sincère,

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