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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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22 RAISON ET INTUITION<br />

les jours, agira sans esprit <strong>de</strong> suite et paraîtra scindé<br />

en autant d'individualités différentes qu'il manifestera<br />

<strong>de</strong> directions variables dans ses idées et ses actes. Et<br />

certes, une plus ou moins gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> nos pensées<br />

et <strong>de</strong> nos volitions rentrent dans ce tableau.<br />

Par contre, l'équilibre <strong>de</strong> la volonté s'affirme d'autant<br />

plus puissamment que l'homme, au lieu <strong>de</strong> se<br />

disperser en une multiplicité <strong>de</strong> manières d'être,<br />

absorbe en lui les influences, les triture en quelque<br />

sorte pour se les incorporer, se les assimile et se sert<br />

exactement, quand il le faut, <strong>de</strong> l'acquit qu'elles lui<br />

assurent. Le caractère me paraît d'autant mieux<br />

défini, la personnalité d'autant plus marquée qu'il y<br />

a plus <strong>de</strong> cohésion, une synthèse plus ferme, une plus<br />

étroite pénétration entre tous ses moments ; dès lors,<br />

le caractère n'est pas une réalité irréductible et<br />

<strong>de</strong>rnière, mais un équilibre tantôt plus stable, tantôt<br />

plus lâche, une harmonie plus ou moins complète,<br />

selon les individus et selon les moments chez chaque<br />

individu ; le caractère sans doute est qualitatif, parce<br />

que vie et mouvement sont inséparables du <strong>de</strong>venir<br />

autre, du changement, qui définissent le qualitatif :<br />

seul un ordre abstrait, absolu, immuable, répondrait<br />

à une détermination inflexible <strong>de</strong>s lois logiques et<br />

mathémathiques ; un tel ordre n'existe sans doute<br />

nulle part.<br />

M. Bergson, à ce propos, reproche à la théorie <strong>de</strong>s<br />

Idées <strong>de</strong> Platon et aux catégories <strong>de</strong> Kant <strong>de</strong> substituer<br />

un ordre abstrait et immobile <strong>de</strong> ce genre à la<br />

vivante réalité.<br />

Le reproche n'est pas fondé : car il ne faut pas<br />

oublier que la dialectique <strong>de</strong> Platon implique essentiellement<br />

le mouvement <strong>de</strong>s Idées, leurs rapports<br />

réciproques, leurs combinaisons; qu'aucune Idée<br />

n'est à ce point fixée qu'elle puisse se passer <strong>de</strong>s<br />

autres Idées, mais, au contraire, que nulle d'entre<br />

elles n'étant absolue, elles se conditionnent mutuellement,<br />

participent l'une à l'autre; un échange continuel<br />

les entraîne dans une vie qui ne pourrait s'arrêter;<br />

ces échanges ne sont pas déterminés d'avance par une<br />

Pensée pure, par un Dieu, par un grand Calculateur,<br />

mais ils s'expriment dans le réel dont ils sont

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