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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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GEORGES DWELSHAUVERS 19<br />

la vie psychique n'est connue que dans la conscience :<br />

son caractère propre est à chercher dans la manière<br />

dont elle nous apparaît; elle se manifeste à la conscience<br />

avec <strong>de</strong>s nuances innombrables, <strong>de</strong>s états<br />

affectifs <strong>de</strong> tout genre ; si la nature s'interprète par<br />

l'ordre quantitatif, la vie mentale, inséparable <strong>de</strong><br />

l'intuition et du sentiment que nous en avons, est,<br />

avec ses teintes, son mouvement vécu, ses passions,<br />

qualitative. La causalité mécanique, basée sur les<br />

idées <strong>de</strong> quantité et d'homogénéité, substitue au<br />

senti, <strong>de</strong>s lois abstraites et impersonnelles ; appliquée<br />

à la vie <strong>de</strong> l'esprit, elle est trompeuse, car elle prétend<br />

soumettre les caractères propres <strong>de</strong> cette vie à<br />

<strong>de</strong>s mesures, utiles au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong><br />

la nature, mais inapplicables aux sentiments ou aux<br />

idées qui constituent la conscience. Et l'on oublie<br />

enfin, si l'on prétend expliquer tout par la causalité<br />

mécanique, que celle-ci est une idée <strong>de</strong> raison, et non<br />

une loi absolue.<br />

Après avoir beaucoup réfléchi sur ces questions et,<br />

nous l'avouons, après avoir étudié par nous-même<br />

les applications <strong>de</strong> la mesure et du nombre à la vie<br />

mentale, nous arrivons aujourd'hui à donner une<br />

pleine adhésion à la critique que M. Bergson adresse<br />

aux théories mécanistes en psychologie; nous l'avons<br />

dit dans l'exposé <strong>de</strong> sa philosophie, c'est un symbole<br />

que <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> l'intensité <strong>de</strong> nos représentations<br />

mentales, en comprenant dans ce terme une mesure<br />

traduite en nombres ; le langage nous trahit ici, ou<br />

du moins les mots substituent au réel senti, au qualitatif,<br />

l'abstraction, le concept qu'ils servent à fixer;<br />

ce que nous appelons accoissement <strong>de</strong> sensation est<br />

une sensation d'accroissement De même si l'on construit<br />

notre durée consciente, notre vie passée et<br />

présente au moyen <strong>de</strong> combinaisons d'idées abstraites,<br />

immobilisées dans <strong>de</strong>s concepts et <strong>de</strong>s signes (comme<br />

le voulait Taine) et alignées dans le temps, on substitue<br />

une image artificielle et simpliste à la richesse, à<br />

la profon<strong>de</strong>ur, au dynamisme <strong>de</strong> la vie mentale;<br />

quand on explique la mémoire par la reproduction,<br />

grâce à l'intermédiaire <strong>de</strong>s mouvements cérébraux,<br />

<strong>de</strong> séries d'idées antérieurement pensées, on ne com-

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