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tome 3 (n°7-9) - Université Libre de Bruxelles

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GEORGES DWELSHAUVERS 27<br />

est irrationnelle en ce sens que les combinaisons<br />

possibles qui s'y rencontrent sont en nombre infini,<br />

qu'elles se multiplient, se transforment sans cesse, et<br />

que leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> manifestation ne sont jamais<br />

absolus et abstraits, mais toujours individuels et<br />

vivants. En tant que le réel s'explique par <strong>de</strong>s lois et<br />

<strong>de</strong>s rapports, il est rationnel; en tant qu'il est mouvement<br />

dans la nature, sentiment dans la conscience,<br />

il est individuel, infini, irrationnel.<br />

Mais dans la conscience même qui, selon M.Bergson,<br />

est essentiellement qualitative et nous donne le<br />

vécu sous forme <strong>de</strong> ressenti, d'immédiat, il n'y a<br />

jamais cependant ni senti ni vécu pur, ni d'autre part<br />

rationnel pur : toute impression, aussi intuitive, aussi<br />

immédiate qu'elle soit, est toujours doublée d'une<br />

idée, expression d'un acte <strong>de</strong> réflexion qui nous permet<br />

précisément, par après coup, <strong>de</strong> ne pas la perdre<br />

tout entière, mais <strong>de</strong> nous en souvenir : c'est l'idée<br />

qui rend possible l'existence même <strong>de</strong> la conscience<br />

que nous avons <strong>de</strong>s choses et <strong>de</strong> nous-mêmes, et les<br />

sentiments les plus profonds et les plus directs disparaîtraient<br />

avec le moment même qui les a provoqués,<br />

sans l'idée que nous en conservons. Dans notre conscience<br />

il n'y a pas d'intuition pure; et inversement<br />

l'idée n'est jamais purement abstraite : elle vit, parce<br />

qu'elle est l'expression <strong>de</strong> l'acte par lequel l'homme,<br />

en tant qu'être pensant, prend contact avec le mon<strong>de</strong>.<br />

(Voir notre étu<strong>de</strong> sur JULES LAGNEAU ET LA<br />

MÉTHODE RÉFLEXIVE, Revue du mois, Paris, 1906.)<br />

Si donc nous partons <strong>de</strong> la conscience, nous constatons<br />

que le senti, le qualitatif n'est pas une réalité<br />

posée en <strong>de</strong>hors du système <strong>de</strong>s idées, mais n'est<br />

connu qu'à travers celles-ci ; et inversement, les idées<br />

que nous avons <strong>de</strong>s choses et <strong>de</strong> nos propres sentiments<br />

ne sont pas <strong>de</strong>s abstractions purement intellectuelles,<br />

nées <strong>de</strong> l'application <strong>de</strong> catégories déterminées<br />

d'avance, mais elles résultent du travail actif <strong>de</strong> la<br />

pensée, <strong>de</strong> la synthèse qui est ce travail même et qui<br />

consiste à choisir, à grouper en une unité, caractérisée<br />

par la pénétration intérieure, les aspects qui,<br />

sans l'acte <strong>de</strong> l'esprit ou synthèse mentale, s'effriteraient<br />

en une multiplicité inconsistante.

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