28.06.2013 Views

Télécharger le PDF - Formules

Télécharger le PDF - Formules

Télécharger le PDF - Formules

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

dans son sac, au vestiaire : « Et ton père ? », lui dit-el<strong>le</strong> en français, pour<br />

éviter d’ébruiter la conversation — Il va venir. Il faisait encore la sieste<br />

quand j’ai quitté l’appartement, mais il avait mis <strong>le</strong> réveil. Ne t’inquiète<br />

pas. — Je ne m’inquiète pas. J’espère seu<strong>le</strong>ment qu’il ne va pas se faire<br />

remarquer en arrivant quand tout <strong>le</strong> monde sera en train de partir. Ça<br />

ne serait pas très gentil pour toi. — Ne t’inquiète pas, maman, je te dis,<br />

il m’a promis d’être ici à cinq heures et demie. »<br />

Muriel, resp<strong>le</strong>ndissante, fit son apparition à cinq heures. Avec<br />

une robe longue, assez décol<strong>le</strong>tée, d’un b<strong>le</strong>u de ciel austral, qui mettait<br />

en va<strong>le</strong>ur son teint de blonde doré aux premiers so<strong>le</strong>ils du printemps, et<br />

un collier de per<strong>le</strong>s enroulé au bras, el<strong>le</strong> avait la beauté des débutantes<br />

de films américains, sans <strong>le</strong>ur gaucherie. Sylvie se sentit admirative,<br />

avec un petit pincement au cœur. El<strong>le</strong> avait été jolie fil<strong>le</strong>, dans un genre<br />

robuste mais avec des traits délicats et bien dessinés. Quoiqu’un peu<br />

enrobée à quarante ans passés, son nez mutin, ses yeux verts, la vivacité<br />

d’un sourire entendu sur une bouche un peu charnue lui conservaient un<br />

charme certain, mais, dans <strong>le</strong>s années soixante et dans son milieu plutôt<br />

humb<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> n’avait jamais pu déployer une grâce comparab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> de<br />

Muriel Robinson. El<strong>le</strong> n’était pas jalouse, non, mais el<strong>le</strong> se sentait insidieusement<br />

répudiée par son fils. El<strong>le</strong> se dit que c’était peut-être pour<br />

cela qu’el<strong>le</strong> eût préféré Clotilde ou Muriel Silverman comme compagnes<br />

de Joël, aucune des deux n’avait une tel<strong>le</strong> présence. On ne voyait pas<br />

<strong>le</strong> temps passer. Il fut tout de suite cinq heures et demie et <strong>le</strong>s invités<br />

commencèrent à arriver, <strong>le</strong>s voisins à pied, d’autres en voiture, quelques<br />

jeunes à moto ou à vélo, se garant d’abord à 90º sur la placette devant la<br />

villa, puis de plus en plus loin <strong>le</strong> long des trottoirs de Dolphin St.. A<strong>le</strong>x<br />

<strong>le</strong>ur demandait de vérifier qu’ils ne gênaient pas la sortie des allées. À six<br />

heures et quart, quand tout <strong>le</strong> monde faisait déjà honneur aux amusegueu<strong>le</strong><br />

du buffet, et <strong>le</strong>s hommes, surtout des collègues professionnels<br />

d’A<strong>le</strong>x, sirotaient <strong>le</strong>s whiskies de marque, Jacques n’était toujours pas<br />

là. Joël avait invité Jill et son ami, cadre supérieur dans une grande entreprise<br />

de construction. Sylvie dut <strong>le</strong>ur faire <strong>le</strong>s honneurs de la maison,<br />

car Georgina, naturel<strong>le</strong>ment, ne savait pas qui c’était, et lui, Joël, ne<br />

quittait pas Muriel, très entourée, d’un pouce. C’était <strong>le</strong> comb<strong>le</strong> !<br />

<br />

109

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!