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Sommaire - CCIFR

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Olga Boutorina<br />

ce dernier. Conséquence : un afflux de crédits à des conditions beaucoup trop<br />

favorables s’est déversé sur la Grèce et sur d’autres pays faibles.<br />

Autrement dit, après l’introduction de l’euro, les marchés se sont retrouvés<br />

sous le charme de cette monnaie forte, au point de minimiser les risques tout au<br />

long de la période d’avant-crise. La situation s’est inversée en 2008. Avec le début<br />

de la crise, le marché des crédits interbancaires a été gelé dans la zone euro, et le<br />

taux de référence EURIBOR (qui fixe le coût de l’argent dans les relations entre<br />

les banques et leurs clients) a perdu toute signification économique. Au fur et à<br />

mesure que les problèmes liés à la dette s’amplifiaient, les marchés sont devenus<br />

de plus en plus sensibles aux risques, les spreads des dettes souveraines des pays<br />

faibles se sont envolés, et les banques des autres États de la zone euro ont cessé<br />

d’accepter leurs obligations d’État. L’afflux de crédits bon marché a brutalement<br />

pris fin et la périphérie de la zone euro a découvert la fuite des capitaux — un<br />

phénomène généralement réservé aux pays en développement. Ce processus a<br />

provoqué la désintégration du marché financier commun de la zone euro que les<br />

organes de l’UE (et avant tout la BCE) avaient créé au prix de grands efforts depuis<br />

la naissance de l’euro. La ligne de fracture a insidieusement épousé le tracé des<br />

frontières nationales, et aujourd’hui personne ne peut sérieusement prédire quand<br />

aura lieu un nouveau « recollement ».<br />

Q U ’ E S T- C E Q U I N E S E C A S S E PA S E N RU S S I E ?<br />

Dès 2002, l’Union européenne, à la suite des États-Unis, a reconnu à la Russie le<br />

statut d’économie de marché. Mais s’il est vrai que l’économie russe a cessé d’être<br />

centralisée et étatique, elle n’est pas devenue une véritable économie de marché<br />

pour autant. Le « capitalisme clanique » qui s’est formé dans le pays se distingue<br />

nettement du modèle des économies occidentales et a peu de chances de s’y<br />

conformer dans un avenir prévisible.<br />

Les caractéristiques principales de l’économie russe sont la faible protection de<br />

la propriété privée et de l’exécution des contrats ; le manque global de confiance ; et<br />

le haut degré de concentration du pouvoir économique, les intérêts du milieu des<br />

affaires fusionnant largement avec ceux de l’administration. La Russie se distingue<br />

également par une « rente du pouvoir » démesurée, c’est-à-dire que les pots-de-vin et<br />

les commissions occultes y sont omniprésentes. Ces dernières représentent jusqu’à<br />

80 % des commandes publiques. Aujourd’hui, dans de nombreuses structures<br />

publiques et semi-publiques, la carrière des jeunes cadres dépend en grande partie<br />

de leur capacité à proposer à leur supérieur hiérarchique un projet comportant des<br />

rétro-commissions. Tout cela réduit significativement la rentabilité des entreprises<br />

et accroît les risques et les frais entourant chaque transaction. Sans même parler de<br />

l’aspect moral et pratique des choses.<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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