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2012, année de transition ou de rupture ?<br />
d’experts les justifièrent moins par l’activité de l’opposition que par les intrigues<br />
des clans politico-financiers proches du président. D’ailleurs, les tentatives de ces<br />
derniers de lutter pour le poste de gouverneur échouèrent aussi et, dans les cinq<br />
régions, les gouverneurs se maintinrent à leurs postes.<br />
Au niveau fédéral, c’est une autre stratégie qui fut employée pour cimenter<br />
l’establishment. Si dans les régions, on avait pu constater que les dirigeants<br />
locaux étaient prêts à renforcer leur statut politique, les représentants du<br />
pouvoir central, au contraire, se virent contraints d’accepter la diminution<br />
soudaine de leur statut.<br />
Les étapes importantes de cette évolution auront été les suivantes :<br />
• La formation du gouvernement à faible pertinence de Dmitri Medvedev<br />
(avec moussage récurrent du thème du remplacement du Premier ministre ou<br />
discussions autour des attentes sur la formation d’un prétendu gouvernement<br />
« parallèle » au sein de l’administration présidentielle). À noter : en février 2012,<br />
lors d’une rencontre électorale avec un groupe de politologues russes, Poutine a<br />
mentionné sa sympathie pour le système politique américain, non seulement à<br />
propos du bipartisme mais aussi concernant le contrôle présidentiel sur l’activité<br />
du gouvernement.<br />
• L’attentisme du parti « Russie Unie » du fait de la perspective d’un report de<br />
l’accent sur le Front national Russe.<br />
• Les espoirs déçus d’élever le statut du Parlement. Au lieu de cela, le rôle<br />
résolument technique des députés dans la prise de décisions importantes<br />
pour l’administration présidentielle (selon la terminologie des critiques :<br />
« l’imprimante devenue folle »). Or, à la fin de l’année, les législateurs se sont<br />
trouvés contraints de procéder à un vote quasi unanime en faveur de projets de<br />
loi à l’évidence risqués pour les députés, non seulement pour ceux de « Russie<br />
Unie » mais aussi pour l’opposition (la loi anti-adoption des orphelins).<br />
• Les thèmes liés à la propriété et autres limitations pour les fonctionnaires<br />
de l’État. Ils ne furent introduits que partiellement, mais ils passèrent pour une<br />
tentative de révision des règles du jeu établies et s’accompagnèrent de mesures<br />
de répressions ciblées à l’encontre de certains fonctionnaires soupçonnés de<br />
corruption.<br />
• Le renforcement du parallélisme dans le fonctionnement des organes de<br />
pouvoir (avec redoublement possible des domaines de responsabilité pour les<br />
membres du gouvernement, les gouverneurs, les conseillers du président, les<br />
dirigeants de sociétés d’État).<br />
Les actions entreprises eurent un effet notable. Les risques de scission de la<br />
classe dirigeante entre ceux qui défendraient le régime en place jusqu’au bout et<br />
ceux qui avaient tendance à miser sur un scénario révolutionnaire (ou ne serait-<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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