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L’Influence dans un monde globalisé<br />
officielle, mais aussi de suivre leur déploiement souterrain et progressif dans<br />
le corps de ces organisations. En somme, elle doit renforcer sa diplomatie à la<br />
fois bilatérale, dont les moyens ne sont que rarement à la hauteur des enjeux, et<br />
multilatérale. En même temps, elle doit être adaptative et souple, ce qui exige de<br />
tenir compte de l’émergence de nouveaux concurrents et de nouveaux rapports<br />
de forces. C’est dans cet esprit que nous avions proposé l’institution en France<br />
d’un Conseil d’analyse européenne et internationale, sorte de National Security<br />
Council à la française, disposant d’une vision large et capable de construire une<br />
communauté d’analyse et de projet auprès d’acteurs plus diversifiés que la seule<br />
puissance publique.<br />
Ensuite, l’international doit devenir la priorité politique numéro 1 dans la<br />
stratégie du pays, ce qui suppose que, à l’instar du Royaume-Uni, des États-<br />
Unis, de l’Allemagne, du Japon et de pays de moindre importance, l’action<br />
internationale, dans toutes ses composantes, y compris politique de coopération,<br />
soit sanctuarisée sur le plan budgétaire. Dans cette perspective, la dimension<br />
de recherche et d’analyse ne saurait être sacrifiée. Notre capacité à assister de<br />
manière active aux principales manifestations internationales est aussi l’un<br />
des éléments à privilégier. Affirmer cette priorité internationale suppose aussi<br />
que les différentes forces du pays soient mises à contribution et que les milieux<br />
impliqués dans l’action internationale soient plus nombreux, plus visibles et<br />
mieux constitués.<br />
La troisième action consiste précisément à abandonner l’idée selon laquelle<br />
l’État et, en particulier, le monde diplomatique, est l’acteur sinon exclusif du<br />
moins essentiel. Aucun pays puissant ne considère que les officiels sont les<br />
acteurs les plus efficaces de l’influence. Mais aucun non plus ne se désintéresse de<br />
ce que font ces derniers et ils font tout pour les soutenir. La France doit parvenir<br />
à un plus grand degré de profusion.<br />
Le quatrième changement concerne précisément l’information. C’est peu de<br />
dire qu’aujourd’hui elle ne circule pas et bien souvent se perd. Très souvent est<br />
invoqué le fait que la France dispose encore du troisième réseau de présence<br />
diplomatique et consulaire dans le monde, derrière les États-Unis et depuis<br />
peu la Chine. Cela peut être un atout si ce réseau est bien utilisé. Encore faut-il<br />
aussi compter sur tous ceux qui, experts sur le terrain, entreprises, intellectuels,<br />
constituent aussi des sources d’information et, potentiellement, d’action<br />
d’influence infiniment précieux. Nombreux sont les ressortissants à l’étranger<br />
auprès desquels, si on les utilise bien et si l’on ne méprise pas l’information qu’ils<br />
apportent, il est possible de faire vibrer encore la fibre patriotique et le sens de<br />
l’intérêt national. Certes, toutes ces informations doivent être traitées en temps<br />
réel et notre appareil public doit être réactif. Il lui faut aussi être plus proactif et<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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