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Tournant africain<br />
de Bamako par les djihadistes impliquerait une opération militaire beaucoup plus<br />
lourde lancée depuis l’extérieur du Mali, et il est nécessaire de protéger les 6000<br />
Français vivant dans la capitale malienne. L’opération militaire, option initialement<br />
écartée, devient donc inévitable. C’est ce constat que le président de la république<br />
François Hollande fait le 11 janvier 2013. Toute la question est de savoir désormais<br />
quelles sont les perspectives qui s’ouvrent au Mali.<br />
S U C C È S D E L’O F F E N S I V E M I L I TA I R E F R A N Ç A I S E<br />
E T D É F I S P O L I T I Q U E S À L O N G T E R M E<br />
L’intervention militaire française est, à ce stade, un succès. En moins de trois<br />
semaines, la riposte aérienne suivie du déploiement de 4 000 soldats français au<br />
sol a permis la reprise des villes de Konna, Diabali, Tombouctou, Gao et même<br />
Kidal près de la frontière algérienne. Très rapidement, après des pertes initiales<br />
significatives, les djihadistes ont préféré se disperser dans la nature plutôt que de<br />
combattre – selon la tactique employée par toutes les guérillas. Dès à présent, la<br />
question principale est donc celle de la rapidité avec laquelle l’armée malienne et<br />
la MISMA, qui commence à se déployer, prendront le relais de l’armée française.<br />
Fidèles au discours tenu avant le déploiement du contingent français, le ministre<br />
français de la défense, Jean-Yves le Drian, et le président de la république, François<br />
Hollande, n’ont de cesse de rappeler que l’armée française n’avait pas vocation à<br />
rester au Mali. Pour autant, la France et la communauté internationale font face à<br />
une série de défis auxquels il faut trouver des solutions.<br />
En termes de sécurité, la crainte est de voir s’installer une zone de non droit<br />
au Mali et dans le Sahel, qui deviendrait un repère au voisinage sud de l’Europe<br />
où les mouvements terroristes de la mouvance d’Al Qaïda pourraient s’entraîner. Il<br />
faut noter que les autorités françaises ont utilisé les termes de « terroristes » et de<br />
« criminels » pour qualifier les assaillants d’Al Qaïda, de Mujao et d’Ansar Eddine.<br />
L’objectif de cette qualification est triple :<br />
•identifier la menace en référence à la perspective de voir le Sahel devenir une<br />
zone de refuge pour la mouvance d’Al Qaïda ;<br />
• éviter d’identifier la menace sous un vocable trop religieux au moment où<br />
la France, qui compte une communauté musulmane importante, fait face à une<br />
montée de l’islamophobie ;<br />
• éviter d’interférer dans le conflit politique interne entre la communauté<br />
touarègue et le pouvoir central malien : la France n’a pas vocation à prendre parti<br />
entre le pouvoir central et les Touaregs du MNLA mais bien au contraire à faciliter<br />
la mise en place d’un dialogue entre les deux. En cela, la France tire les leçons de<br />
l’Afghanistan où l’opération de l’OTAN a fini par être assimilée à une défense pure<br />
et simple du gouvernement d’Hamid Karzaï.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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