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2012, année de transition ou de rupture ?<br />
• Les doutes quant à la possibilité, dans le principe, de changer le système<br />
existant. Les réformes économiques sont peu réalisables en raison de la paralysie<br />
du gouvernement et de la demande en paternalisme de la part de la société. La<br />
lutte sérieuse engagée contre la corruption est porteuse de déstabilisation au sein<br />
de l’élite (alors qu’il n’y pas pour l’instant d’« opritchniks » prêts à remplacer<br />
l’establishment en place). Les idées conservatrices ou les appels à l’Église<br />
orthodoxe russe n’ont pas eu l’effet escompté et ont même été moqués.<br />
• La déficience d’immunité contre les initiatives autodestructrices capables<br />
d’éroder la loyauté de la part apolitique de la population. Les tentatives de l’État<br />
de jouer un rôle de pourfendeur du vice en instaurant des limitations sur la<br />
consommation de tabac, d’alcool et des jeux mais aussi en censurant internet<br />
affectent les intérêts de larges couches de la population qui attendent d’autres<br />
décisions du pouvoir.<br />
• L’opacité quant à la présence d’un consensus sur la viabilité du projet proposé.<br />
Pour autant, il est possible que le risque principal du « projet » soit sa<br />
vulnérabilité face à des facteurs fortuits. La dépendance de l’économie à l’état<br />
des marchés mondiaux est toujours grande, ce qui n’est pas négligeable dans<br />
un contexte de réduction (peut-être irrémédiable) des bénéfices provenant des<br />
exportations de gaz. Le retour à une gestion politique « manuelle » en 2012<br />
entraînera une réduction progressive du nombre de personnes intéressées<br />
à défendre sincèrement et activement jusqu’au bout la stabilité du régime.<br />
L’intervention active de la police et de la justice dans la lutte politique diminue<br />
le rôle des leviers constitutionnels comme mode institutionnel d’autorégulation<br />
de la société et ne permet pas, dans les situations de crise, d’utiliser la réputation<br />
de neutralité des institutions ayant eu naguère une autorité telles les juges ou<br />
l’Église. Dans le même temps, la qualité d’exécution des décrets répressifs aux<br />
niveaux inférieurs ne peut être pleinement garantie en raison de la faiblesse de<br />
la discipline au niveau de la direction et des problèmes éventuels en matière de<br />
loyauté des exécutants.<br />
E S S O R E T D É C L I N D E L A R É F O R M E P O L I T I Q U E<br />
Au début des manifestations, le pouvoir hésita entre les scénarios « guékatchépiste »<br />
et « années 1980 » décrits plus haut. À ce moment-là, en décembre 2011, fut<br />
annoncé un projet de réforme politique. N’étant pas directement orienté vers la<br />
satisfaction des revendications des manifestants (qui avaient sur la réforme des<br />
idées bien différentes), ce geste visait à atteindre plusieurs objectifs : réduire le<br />
degré de pression sur le pouvoir en suscitant des attentes éventuellement plus<br />
libérales, empêcher une rupture au sein de la classe dirigeante et, autant que<br />
possible, diviser les protestataires.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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