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Yves Boyer<br />
en octobre 2012. Ce dernier visait à tester le concept de CJEF (Combined Joint<br />
Expeditionary Force) afin de développer une capacité commune qui pourra être<br />
utilisée conjointement par l’Europe et les Nations unies. La CJEF sera une force<br />
capable d’intervenir partout dans le monde. Déployable sous 30 jours pour une<br />
intervention en mer ou depuis la mer, elle aura la capacité d’entrer en premier sur<br />
un théâtre. Cette force est voulue par Paris et Londres comme un outil de combat<br />
performant, capable d’une action de haute intensité, comme par exemple des<br />
frappes en profondeur contre des objectifs ennemis ou un débarquement de vive<br />
force. Elle pourra également mener des interventions plus limitées de prévention<br />
ou encore participer à une opération humanitaire de grande ampleur. Pour édifier<br />
cette capacité binationale, une action commune entre états-majors et plusieurs<br />
grands exercices auront lieu d’ici 2016. Après Corsican Lion, l’armée de l’Air et<br />
la Royal Air Force mèneront un grand exercice, Titanium Falcon, en 2013, et les<br />
forces terrestres franco-britanniques – l’exercice Rochambeau en 2014. Certes,<br />
entre Français et Britanniques, des progrès restent à accomplir dans le domaine<br />
des systèmes d’information et de communication, avec la nécessité de créer des<br />
réseaux communs tout en améliorant l’échange de renseignements, les Anglais<br />
étant largement dépendants de leur coopération avec les Américains, qui limite<br />
le champ possible des échanges. Les capacités militaires des deux États rassemblés<br />
dans le cadre d’une CJEF pourront s’ouvrir à d’autres pays européens. Pour<br />
l’horizon 2020, Paris et Londres prévoient de pouvoir disposer de la permanence<br />
d’un groupe aéronaval grâce à la mise en service des nouveaux porte-avions<br />
britanniques. Ensemble, les forces navales françaises et britanniques représentent<br />
la quatrième flotte de combat du monde en termes de tonnage, derrière les États-<br />
Unis (220 bâtiments, 2,14 Mt), la Russie (236 bâtiments, 770 000 tonnes) et la<br />
Chine (423 bâtiments, 516 000 tonnes) ; et sans doute la deuxième de la planète<br />
si l’on considère leur savoir-faire, attesté notamment par la mise en œuvre de<br />
systèmes aussi complexes que les SNLE.<br />
T E C H N O L O G I E E T S T R AT É G I E :<br />
L E U R I M PA C T S U R L E S R E L AT I O N S D E L A F R A N C E<br />
AV E C L E S É TAT S - U N I S E T L’O TA N<br />
La disparition de la menace, avec l’effondrement du bloc communiste, ne signifie<br />
pas, tant s’en faut, l’absence de menaces majeures à un horizon indéfini. Cette<br />
vision est partagée par les alliés et, dans le Concept Stratégique adopté à Lisbonne<br />
en novembre 2010, le rôle de la dissuasion nucléaire a été réaffirmé. Idée que la<br />
France a tout particulièrement défendue. En effet, au-delà de raisons historiques<br />
connues, la dissuasion nucléaire est au cœur même du dispositif de défense de<br />
la France. Paris est déterminé à maintenir une posture nucléaire robuste, efficace<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013