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Sommaire - CCIFR

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Émile Pain<br />

une norme mondiale ne fait aucun doute. C’est l’objectif de la majorité écrasante<br />

des pays au début du XXIe siècle. Or, la Russie est définie par sa Constitution<br />

comme un État démocratique et tous ses dirigeants post-soviétiques ont confirmé<br />

publiquement ce choix en faveur de la démocratie.<br />

En même temps, d’après la Fondation Bertelsman citée plus haut, la Russie fait<br />

partie des États considérés comme « faisant défaut en matière de démocratie ». D’autres<br />

groupes d’études internationaux définissent le mode politique de la Russie comme un<br />

« régime hybride, semi-autoritaire », ou même comme un « régime autoritaire, non<br />

consolidé ». Et le président Vladimir Poutine lui-même, dans un article publié lors<br />

de sa campagne de 2012 et intitulé Démocratie et qualité de pouvoir, n’a eu de cesse<br />

d’insister sur la spécificité de la démocratie russe. Premièrement, la société russe, selon<br />

Vladimir Poutine, n’est pas encore prête à recourir aux mécanismes démocratiques ;<br />

deuxièmement, sa préparation à une « véritable démocratie » (cette définition est<br />

donnée dans l’article) exige une amélioration de la qualité du pouvoir de l’État. Que<br />

cela signifie-t-il ? Le renforcement du même système centralisé, la « verticale du<br />

pouvoir » dont la dénomination est indissociablement liée au nom de Poutine. Cette<br />

même élite verticale du pouvoir considère comme condition essentielle le maintien<br />

de l’intégrité du pays, et les années zéro sont donc par conséquent celles qui marquent<br />

le regain des éléments de régime impérial dans la gestion territoriale de la Russie.<br />

Une hiérarchie des représentants locaux a été recréée, avec nomination de centres de<br />

gestion des provinces ; la politique fiscale a été modifiée en faveur du centre ; son rôle<br />

a grandi dans la répartition des ressources budgétaires ; les possibilités d’autonomie<br />

locale des territoires ont été réduites.<br />

J’occupe une position nuancée par rapport à ces idées. Je suis d’accord avec<br />

le fait que tout une série de particularités de la société russe font obstacle à la<br />

démocratisation de la Russie. En premier lieu, je classerais parmi ces caractéristiques<br />

la faiblesse de la conscience citoyenne, pour l’instant limitée à des couches sociales<br />

étroites, et le fait que pour cette raison, la majorité de la population n’est pas prête<br />

à se considérer comme le principal sujet de la politique, souverain dans l’État.<br />

Pourtant, en même temps, je récuse la capacité de la verticale du pouvoir du régime<br />

néo-impérial à agir résolument en faveur de la démocratisation ; au contraire, c’est<br />

ce régime qui en est le frein principal.<br />

Le régime autoritaire impérial écrase le développement de la conscience<br />

citoyenne ; et pour cette raison, dans la période post-impériale, chez les peuples<br />

passés par le creuset de ce système, la consolidation sociale et politique se trouve<br />

plutôt à la source non de l’identité citoyenne mais des identités dites « ascriptives »<br />

(ethnique, religieuse, raciale). Au début des années 1990 en Russie, les mouvements<br />

nationalistes tchétchène, tatare, iakoute, etc., ont commencé à s’épanouir, à<br />

foisonner, dans les républiques de la Fédération. Et, à la fin des années 1990, c’est le<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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