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Occasions manquées<br />
attitude ne lui a pas plus permis de gagner de la valeur aux yeux des pays arabes<br />
du Golfe. La France se retrouve ainsi en décalage, alors qu’un rapprochement<br />
supplémentaire avec certains pays du Golfe (Arabie saoudite et Émirats arabes unis<br />
en l’occurrence) lui permettrait un meilleur accès au reste du monde arabe (Liban,<br />
Syrie, Jordanie, Égypte, Tunisie, Maroc, tous pays où Arabie saoudite, Qatar et/<br />
ou Émirats arabes unis ont une influence considérable). La France donne ainsi<br />
l’impression de rester à la traîne de certains de ses homologues occidentaux, dont<br />
les États-Unis. Il lui faut renverser cette situation.<br />
De la même manière, il y a impératif pour la France de procéder à la redéfinition<br />
des termes qui la lient à d’autres puissances internationales, que ce soit d’une manière<br />
générale ou pour ce qui relève des affaires moyen-orientales en particulier. Le cas<br />
syrien a mis en exergue le choix de la France pour une stratégie de soutien à des<br />
rebelles armés qui la rapprochait des positions américaines tout en l’éloignant de la<br />
Russie et de la Chine. Or, pour l’heure, on peut voir que les conséquences de cette<br />
politique ont été à la fois dangereuses (victimes innocentes, absence d’unité des points<br />
de vue des opposants…) et limitées en termes de résultats. Sans qu’une communauté<br />
de points de vue entre tous ces acteurs soit forcément nécessaire, il y a lieu pour la<br />
France de procéder à de plus étroites concertations avec la Russie en particulier, qui a<br />
l’avantage d’avoir accès à la présidence syrienne. Aussi légitime puisse être le boycott du<br />
régime de Bachar el-Assad, les perspectives syriennes ont besoin aussi d’une solution<br />
audacieuse. De plus en plus de voix font maintenant la promotion de négociations<br />
entre le régime syrien et ses opposants, par souci de pragmatisme. À supposer que ce<br />
scenario puisse aboutir, la France – et, à travers elle, l’Union européenne – auraient<br />
grand avantage à apparaître en première ligne. La Russie ayant accès à la présidence<br />
syrienne, un rapprochement français avec Moscou serait souhaitable.<br />
Quant à la volonté de François Hollande de réamorcer le projet euroméditerranéen,<br />
elle ne doit pas rester lettre morte. La France doit surtout aller<br />
au-delà des considérations techniques et prendre à bras le corps les enjeux<br />
politiques. Les conflits israélo-arabes demeurent en tête de ces priorités, mais le<br />
Sahara occidental est important aussi. La faille de Nicolas Sarkozy avait en effet<br />
principalement consisté dans le fait qu’il croyait en la possibilité pour l’économie<br />
d’amener avec elle la résolution des différends politiques. Or, le pari s’est révélé<br />
erroné. François Hollande, s’il réussit à allier volontarisme et pragmatisme, peut<br />
montrer combien les tendances du « Printemps arabe » peuvent représenter une<br />
opportunité, pour le Moyen-Orient, pour l’UE, comme pour la France elle-même.<br />
C O N C LU S I O N<br />
Acteur historiquement incontournable dans les affaires du Moyen-Orient, la<br />
France, en dépit d’un volontarisme apparent, semble ne pas avoir pleinement pris<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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