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Piotr Stegni<br />
Il faut également tenir compte des changements qui semblent s’annoncer dans<br />
l’équilibre des forces au Proche-Orient, liés, entre autres, à l’activisme régional de<br />
l’Arabie saoudite et des pays du Golfe persique, où les positions anti-iraniennes et<br />
anti-chiites sont traditionnellement fortes. Ce facteur engendre des manœuvres<br />
dangereuses et à courte vue, reposant sur le calcul que les sunnites pourraient<br />
soutenir le recours à la force contre l’Iran. Il s’agit d’une illusion inquiétante mais tout<br />
à fait caractéristique d’une perception superficielle qui s’est formée autour de l’Iran.<br />
Pour conserver la situation sous contrôle, une approche double s’impose : il<br />
convient, parallèlement aux négociations « 5 + 1 » (auxquelles on pourrait convier<br />
la Turquie ou un représentant de la Ligue arabe), d’élaborer une position commune<br />
résolument opposée à un règlement du problème par la force ; il faut aussi, dans le<br />
même temps, fournir à Israël comme à l’Iran des garanties internationales visant à<br />
apaiser leurs craintes. On pourrait, de cette façon, obtenir davantage de temps pour<br />
élaborer un règlement définitif des questions posées par la prolifération nucléaire<br />
au Proche-Orient, conformément aux exigences du TNP.<br />
Deuxièmement. Aider les Palestiniens et Israël à relancer le processus de paix<br />
sur la base d’une solution à deux États.<br />
C’est le deuxième problème le plus important de la région. Là aussi, des actions<br />
immédiates des pays de la zone et de la communauté internationale s’imposent.<br />
Les islamistes parvenus au pouvoir grâce au « printemps arabe » vont-ils respecter<br />
les accords de paix que leurs prédécesseurs ont passés avec Israël, y compris les<br />
arrangements informels ? C’est une question essentielle. Le problème palestinien<br />
se trouve au cœur de la conscience nationale des Arabes en général et spécialement<br />
des groupes et partis islamistes. Sa résolution est vue comme un objectif commun<br />
à toute la nation arabe, susceptible sous certaines conditions d’unir le monde arabe<br />
– sunnite et chiite – autour de l’hostilité envers Israël. Il y a là une menace réelle,<br />
même si elle n’est peut-être pas immédiate. Mais l’évolution du positionnement<br />
des Arabes vis-à-vis du dossier israélo-palestinien constituera également un<br />
révélateur de la capacité de la région à évoluer vers une communauté de nations<br />
démocratiques. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les processus enclenchés<br />
par le « printemps arabe » sont susceptibles d’aboutir à une résolution heureuse de<br />
ce conflit. Citons la fin relativement rapide, et obtenue sans qu’aucune partie ne<br />
perde la face, de l’opération « Pilier de défense », grâce à une médiation efficace de<br />
l’Égypte islamiste ; la tendance à l’adoucissement du blocus de la bande de Gaza,<br />
où le leader du Hamas Khaled Mechaal a pu effectuer une visite pour la première<br />
fois ; ou encore la réaction plutôt pondérée d’Israël à l’attribution à la Palestine du<br />
statut d’État observateur auprès de l’ONU.<br />
Globalement, il semble que des mécanismes jusqu’alors dissimulés aux regards<br />
indiscrets ont été actionnés. La nouvelle administration Obama envoie des signaux<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013