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Tournant africain<br />
2012, les Touaregs du MNLA lancent une offensive sur le nord Mali et prennent,<br />
pratiquement sans opposition, les villes de la région. En mars 2012, un coup d’État<br />
mené par un simple capitaine de l’armée malienne renverse le Président Amadou<br />
Toumani Touré. Cet épisode en dit long sur la déliquescence du pouvoir à Bamako.<br />
Pendant ce temps, les islamistes d’AQMI et d’Ansar Eddine écartent progressivement<br />
les Touaregs du MNLA de l’administration des villes conquises au pouvoir central :<br />
Kidal, Gao et Tombouctou<br />
R É TA B L I R L’AU T O R I T É E N É V I TA N T<br />
U N E I N T E RV E N T I O N M I L I TA I R E<br />
Dès lors, l’objectif de la France est double. Aider le Mali à reconstituer une armée et<br />
à reconquérir le nord du pays occupé par les groupes islamistes. La reconstitution<br />
de l’armée malienne pouvant s’avérer insuffisante, et surtout trop longue à réaliser,<br />
la France va avoir pour but de convaincre tout à la fois les voisins du Mali et la<br />
communauté internationale de la nécessité de mettre sur pied une opération<br />
de reconquête du territoire malien avec des forces armées interafricaines. Un<br />
ambassadeur dédié à la région du Sahel, Jean Félix-Paganon, est nommé pour faire<br />
le tour des capitales africaines. En Afrique de l’ouest, il faut convaincre les États<br />
d’apporter leur aide militaire à l’armée malienne ; à l’ONU, il faut convaincre la<br />
communauté internationale d’apporter son soutien à la mise sur pied de cette force<br />
interafricaine mais également à la formation de l’armée malienne. C’est ce que la<br />
France finira par obtenir avec le vote des résolutions 2071 et 2085 par le Conseil<br />
de sécurité des Nations unies. Cette dernière, approuvée le 20 décembre 2012,<br />
demande aux États membres et aux organisations régionales et internationales<br />
d’apporter leur soutien aux forces de sécurité maliennes et prévoit la mise en place<br />
d’une mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA)<br />
qui doit aider les forces maliennes à reconquérir le nord-Mali.<br />
La position de la France est guidée par une ligne rouge : pas d’intervention<br />
militaire directe sur le sol malien. Deux considérations ont conduit les autorités<br />
françaises à refuser cette option.<br />
En premier lieu, il y a la crainte de voir la France accusée de conduire une<br />
politique néocolonialiste. On a rappelé que la France cherchait depuis quelques<br />
années à se débarrasser de cette réputation.<br />
En second lieu, les Français sont bien conscients qu’une intervention directe<br />
présente des risques, et ce sur plusieurs plans. D’une part, Paris estime que c’est aux<br />
Africains de prendre en charge leurs intérêts de sécurité. La Mauritanie, le Niger,<br />
l’Algérie, le Tchad ou le Burkina Faso sont menacés plus que quiconque par la<br />
poussée des djihadistes islamiques. D’autre part, la crise malienne s’inscrit dans un<br />
contexte local compliqué. Il n’y a plus de pouvoir central représentatif à Bamako,<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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