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Ambivalence et distanciation<br />
relais. Une nouvelle émigration russe s’installe en France, elle est numériquement<br />
peu nombreuse, mais au fil du temps, elle se développe. Une partie d’entre elle<br />
représente une main d’œuvre qualifiée, voire très qualifiée qui renvoie de la russité,<br />
sinon de la Russie, une image très positive.<br />
L E S É L I T E S D I R I G E A N T E S AU R A I E N T- E L L E S P U DAVA N TA G E<br />
C HA N G E R L E R E G A R D S U R L A RU S S I E ?<br />
En se montrant très positives à l’égard de la Russie, les élites dirigeantes de ces<br />
dernières années ont contribué à apaiser la sortie de la Guerre froide. Auraientelles<br />
pu aller plus loin ? Le regard porté sur la Russie apparaissant aujourd’hui avant<br />
tout lié à l’absence d’un État de droit, à la corruption et à la faiblesse des réformes<br />
d’envergure, leur marge de manœuvre était et reste faible. Une question mérite<br />
cependant d’être soulevée. Au sortir de la Guerre froide, aucun projet ambitieux<br />
(comme l’ont été le plan Marshall, le projet européen, l’entrée de la RFA dans<br />
l’OTAN en 1955 ou la réconciliation franco-allemande en 1963) n’a été proposé à la<br />
Russie. La question de savoir pourquoi il n’y a pas eu de grande initiative de ce type<br />
se pose en particulier dans le cas de Jacques Chirac, qui a été au cours des deux<br />
dernières décennies l’un des responsables politiques occidentaux le plus ouvert à la<br />
coopération avec la Russie. Il a pris de nombreuses initiatives destinées à associer<br />
la Russie à l’espace euro-atlantique, il lui a tendu la main, mais il n’a pas bouleversé<br />
les fondements des rapports entre l’UE, l’Alliance Atlantique et la Russie. Pour<br />
autant que l’on sache, il n’a cherché ni à susciter un débat sur la forme que pourrait<br />
prendre une association UE-Russie allant au-delà de l’Accord de partenariat et de<br />
coopération, ni à engager, dans le domaine de la sécurité, une réflexion sur un<br />
projet commun de grande envergure, voire sur la possibilité d’une adhésion de la<br />
Russie à l’Alliance Atlantique qui aurait scellé la réconciliation russo-occidentale et<br />
imposé un autre regard sur l’ancien adversaire. Le président Chirac s’est arrêté en<br />
quelque sorte à mi-chemin. Ses successeurs ont été dans ce domaine encore plus<br />
conservateurs que lui.<br />
Quant aux dirigeants russes, ils ont mis en place depuis maintenant plusieurs<br />
années une politique de communication destinée à véhiculer une autre image, plus<br />
positive de leur pays. Ils ont réorganisé l’audiovisuel extérieur (prise de participation<br />
dans le capital d’Euronews puis création en 2005 de Russia Today qui émet en<br />
anglais), développé la presse écrite (création en 2007 de La Russie d’Aujourd’hui,<br />
supplément mensuel publié dans de grands journaux internationaux, dont Le<br />
Figaro), mis en place des projets comme le Club de discussion Valdaï, des ONG et<br />
des fondations qui ont pour mission de renforcer la présence russe dans le monde<br />
et de participer aux grands débats, valorisé le concours « d’amis de la Russie »<br />
comme Gerhard Schroeder ou Gérard Depardieu. En France, ils ont fondé un<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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