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Sommaire - CCIFR

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Occasions manquées<br />

de Moubarak comme co-président pour l’Union pour la Méditerranée (UpM).<br />

Présidée alors par Nicolas Sarkozy, la France mettra du temps à s’adapter aux<br />

réalités naissantes. Ces deux traumatismes sembleront vite surmontés lorsque Paris<br />

fera la promotion d’une intervention militaire en Libye. Quoique choyé par son<br />

homologue français, Mouammar Kadhafi n’avait cependant pas réellement donné<br />

de suite aux attentes françaises en termes d’investissement en Libye. Pour l’Élysée,<br />

perdre Kadhafi pouvait donc présenter plus d’avantages que d’inconvénients.<br />

Les Occidentaux, accompagnés par des pays tels que le Qatar et les Émirats<br />

arabes unis, se hâteront ainsi de déployer une stratégie visant à faire chuter le<br />

colonel Kadhafi. La France encouragera un tel mouvement. C’est cependant<br />

l’OTAN qui se trouvera vite à la tête des opérations. Mais force est de constater<br />

que, une fois débarrassés du régime de Kadhafi, les pays engagés vis-à-vis de la<br />

Libye ne prendront pas le temps de répondre aux difficultés réelles posées par le<br />

pays. Ils chercheront vite à porter leur attention sur un autre des dossiers chauds<br />

de la région : la Syrie.<br />

Il ne fait aucun doute que Nicolas Sarkozy ait voulu capitaliser sur la parenthèse<br />

régionale ouverte et rattraper son relatif attentisme devant les révolutions<br />

tunisienne et égyptienne. Le tout en pariant sur les revenus que pourrait générer<br />

la manne pétrolière libyenne une fois Kadhafi tombé. Mais cela aura eu pour<br />

principale contrainte de plonger la région dans le doute, l’absence de tradition<br />

électorale laissant les pays arabes en proie à bien des incertitudes quant à leur<br />

avenir. La situation en Libye ne tardera pas à faire apparaître de grands risques sur<br />

la sécurité de la région, soulignant la contradiction avec l’engagement constant de<br />

la France à favoriser la stabilité du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.<br />

Les raisons ayant poussé Nicolas Sarkozy à s’en prendre au régime de M. Kadhafi<br />

paraissent multiples. Les considérations d’amour-propre ne sont pas à exclure.<br />

Alors que le président français avait déployé le tapis rouge au leader libyen lors de<br />

sa visite à Paris en décembre 2007, celui-ci ne donnera pas réellement suite à ses<br />

propositions de coopération. Il ira même jusqu’à critiquer le projet d’Union pour<br />

la Méditerranée (UpM), qu’il boycottera. La France ne voyait ainsi pas pourquoi<br />

se priver d’une opération qui pourrait la consacrer comme accompagnateur des<br />

Libyens et de leurs revendications populaires. La « libération » de la Libye devait<br />

permettre à Paris d’accéder aux exploitations pétrolières libyennes et de participer<br />

à la juteuse reconstruction du pays. Nicolas Sarkozy prendra donc les devants,<br />

donnant parfois l’impression de damer le pion aux États-Unis. Cette attitude n’était<br />

pas nouvelle. À son arrivée au pouvoir en 2007, le président français s’était même<br />

montré plus incisif que l’administration Bush sur le dossier nucléaire iranien.<br />

Sur la Libye, les États-Unis ont cependant décidé de confisquer la vedette à<br />

M. Sarkozy. Ils participèrent à la stratégie anti-Kadhafi, avant de passer le relais<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />

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