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Sommaire - CCIFR

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À l'épreuve du marché<br />

Premièrement, les propriétaires de lopins de terre en périphérie des villes, qui<br />

ne possèdent ni les droits juridiques des fermiers ni leurs moyens techniques et<br />

financiers, font tout pour réduire leurs dépenses. Au lieu de payer pour l’électricité<br />

qu’ils consomment, ils préfèrent souvent se brancher frauduleusement sur les<br />

réseaux collectifs. De même, se raccorder illégalement aux conduites d’eau<br />

communes ou utiliser gratuitement de l’engrais, du carburant ou des équipements<br />

appartenant à des entreprises implantées à proximité n’est pas considéré comme<br />

étant honteux ou délictueux.<br />

Deuxièmement, l’existence de revenus complémentaires consolide le système de<br />

faibles salaires existant, et empêche la formation d’un marché du travail moderne.<br />

Un exemple : même dans les grands centres industriels, on peut entendre des<br />

phrases comme « Elle s’est trouvé un emploi d’infirmière, ce qui lui permet chaque<br />

soir de ramener deux seaux de restes de nourriture pour son porcelet. » Et cela,<br />

dans un pays qui maîtrise l’énergie nucléaire et possède une industrie spatiale...<br />

Dans ce genre de cas, des revenus en nature compensent le salaire de misère<br />

obtenu grâce à l’emploi officiel — lequel, à son tour, fait significativement baisser les<br />

chiffres officiels du chômage. Si dans l’UE, les syndicats arrachent aux employeurs<br />

des conditions déraisonnablement avantageuses pour les employés et nuisent<br />

ainsi à la flexibilité du marché, en Russie ils ne participent pratiquement pas à la<br />

rédaction des conventions collectives et n’ont aucun effet sur la fixation des salaires,<br />

ce qui contribue également à déformer le marché du travail.<br />

De plus, les occupations agraires parallèles nuisent à l’établissement d’un<br />

environnement urbain moderne. Une majorité écrasante de villes russes petites et<br />

moyennes ont conservé de nombreuses caractéristiques des bourgs qu’elles étaient<br />

à l’origine. Les places centrales sont souvent d’anciennes grand-places de village<br />

élargies. Dans ces villes, on ne trouve des bâtiments en pierre que dans le centre.<br />

Dès que l’on s’en éloigne, on découvre une urbanisation privée anarchique, faite<br />

de maisons de bois, de granges, de potagers et de routes de terre en mauvais état.<br />

Cela saute aux yeux même dans des villes peuplées de près d’un million d’habitants<br />

comme Voronej ou Oufa. Aussi longtemps que les urbains russes continueront de<br />

consacrer une partie significative de leur temps à des travaux agricoles, ces villes<br />

resteront dénuées d’infrastructures pratiques et modernes.<br />

La crise de 2008-2009 a coûté cher à l’économie russe. La baisse du PIB a<br />

été supérieure à la moyenne mondiale et à celle des pays de la CEI. Les indices<br />

boursiers ont connu une chute sans précédent. Pour s’opposer à la baisse du cours<br />

du rouble, la Banque centrale a multiplié les interventions monétaires de grande<br />

envergure qui ont englouti au total presque 200 milliards de dollars. Mais la fin<br />

relativement rapide de la récession et le faible niveau des dépenses sociales ont créé<br />

l’illusion que l’économie russe était en bonne santé.<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />

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