Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
92<br />
Pierre Kopp<br />
sont actuellement en cours et pourraient aboutir à l’adoption de mesures allant dans le<br />
sens d’une « flexicurisation » de l’emploi, autrement dit, qui permettent aux entreprises<br />
de faire face aux aléas conjoncturels sans préjudice pour l’emploi et l’activité.<br />
Les ressorts de la croissance en France sont également externes. Depuis 2003, la<br />
balance commerciale de la France est déficitaire (- 69,5 milliards d'euros en 2011).<br />
Cette situation met en lumière deux faits majeurs pour la croissance en France :<br />
d’une part, l’insuffisante présence des entreprises françaises à l’export, d’autre part,<br />
les importations se substituent potentiellement à des productions locales.<br />
Des efforts portant sur la compétitivité prix permettraient de stimuler la<br />
production des entreprises françaises les plus exposés à la concurrence internationale,<br />
l’export, l’implantation d’entreprises étrangères sur le territoire et donc l’emploi. C’est<br />
en ce sens que le gouvernement a présenté début novembre un « Pacte national pour<br />
la croissance, la compétitivité et l’emploi » inspiré de propositions issues du rapport<br />
Gallois. Parmi les mesures annoncées, un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros pour<br />
les entreprises permettra dès 2014 de réduire le coût du travail de 6% sur les bas<br />
salaires. Cette mesure permet de transférer une partie du financement du système<br />
de protection sociale (aujourd’hui assuré à plus de 75% par des cotisations et taxes<br />
sur le travail) vers un impôt à assiette large, la TVA, dont certains taux seront une<br />
nouvelle fois relevés. Le financement de cette mesure sera également assuré par une<br />
diminution des dépenses publiques et une hausse de la fiscalité écologique.<br />
Parallèlement, des efforts sur la compétitivité hors-prix sont nécessaires afin de<br />
soutenir durablement les exportations et donc la croissance et l’emploi. A cette fin, il<br />
convient d’encourager l’innovation en stimulant la recherche privée et publique (Grand<br />
emprunt, crédit d’impôt recherche, créations de pôles de compétitivité...) afin de<br />
développer les secteurs à forte valeur ajoutée et qui ne sont pas soumis à la concurrence<br />
des pays émergents. Ces mesures n’auront toutefois d’effets qu’à moyen/long terme.<br />
* * *<br />
Malgré les effets économiques et sociaux des crises financières et des dettes<br />
souveraines, les capacités de la France à se redresser puis à trouver le chemin<br />
d’une croissance durable sont réelles et les marges de manœuvre dont disposent<br />
les pouvoirs publics demeurent importantes. Les soubresauts de ces cinq dernières<br />
années auront eu le mérite de souligner l’impérieuse nécessité d’articuler la politique<br />
économique autour de deux enjeux majeurs qui sont, d’une part, d’assurer que les<br />
finances publiques ne menacent pas la stabilité macroéconomique, d’autre part, de<br />
mettre en œuvre des réformes structurelles permettant à la fois de préserver un<br />
haut niveau de protection sociale, dans la tradition du « modèle français » et de<br />
rendre la structure fiscale plus favorable aux performances économiques afin de<br />
stimuler le potentiel productif de l’économie et l’emploi.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013