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Tournant africain<br />
l’Union européenne, symbolisée par la quasi absence d’appui militaire aux forces<br />
françaises. En France, le sentiment qui prédomine est que les soldats français<br />
risquent leur vie pour assurer la sécurité des Européens, ce qui crée légitimement<br />
une forme de ressentiment. Mais à l’inverse, il ne faut pas que les Français soient<br />
sourds aux discours de leurs partenaires européens qui expriment le sentiment<br />
selon lequel Paris, qui défend avant tout ses intérêts nationaux, cherche, faute de<br />
moyens financiers et militaires, à partager le fardeau.<br />
Il faut sortir de ce débat manichéen et mettre en place une réponse en trois<br />
étapes. La première étape est celle du constat. Partageons-nous la même analyse de<br />
la situation ? Avons-nous la même stratégie de réponse aux menaces ? Telles sont<br />
les questions que nous devons nous poser en premier lieu.<br />
La seconde étape est celle de la coordination de la réponse. Dès lors que nous<br />
partageons les même analyses, il n’est peut-être pas nécessaire que tous fournissent les<br />
mêmes moyens. Le véritable défi du Mali est celui de la reconstruction politique et<br />
économique et non celui d’une menace militaire à laquelle la France a déjà su faire face.<br />
Or, l’Union européenne dispose des instruments nécessaires pour répondre au défi<br />
politique et économique du Mali. Ce sont les moyens civils de l’Union européenne qui<br />
feront que l’Europe pourra jouer un rôle majeur dans le règlement de la crise malienne.<br />
La mission de formation de l’Union européenne au Mali, décidée par le Conseil des<br />
affaires étrangères le 17 janvier 2013 et qui doit contribuer au renforcement des<br />
capacités de l’armée malienne, est un premier pas dans ce sens. Mais il faut faire plus.<br />
L’Union européenne doit prendre à son compte le défi du développement de la zone<br />
sahélienne qui seul assurera une sécurité durable sur notre flanc sud.<br />
La troisième étape, qui déborde la question du Mali, est celle qui devrait nous<br />
conduire à cesser de penser la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC)<br />
comme le plus petit dénominateur commun : c’est, à l’inverse, la prise en compte<br />
des besoins de sécurité des uns et des autres qui donnera à l’Europe politique tout<br />
son sens. Il faut donc cesser d’opposer les deux politiques de voisinage, celle au Sud<br />
et celle à l’Est, et considérer qu’elles sont toutes les deux nécessaires à la sécurité de<br />
l’Union européenne.<br />
Plus que la menace en elle-même, c’est ce défi politique pour l’Union<br />
européenne comme pour le Sahel qui rend nécessaire une action commune et qui<br />
justifie l’implication de l’UE plus que celle de l’OTAN.<br />
Si le Mali a retardé d’un mois la publication du nouveau Livre blanc sur la<br />
défense et la sécurité nationale, ce n’est pas tant du fait de la nécessité de revoir<br />
la copie qu’à cause de la mobilisation de bon nombre d’acteurs concernés,<br />
notamment au ministère de la défense, par la gestion au jour le jour de la crise<br />
malienne. Les bases pré-positionnées en Afrique ne devraient plus être remises<br />
en cause ; reste à définir avec précision les zones de déploiement. La France a<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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