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Jean-Pierre Maulny<br />
la poussée des extrémistes islamistes se greffe sur la revendication d’autonomie et<br />
de développement de la région du nord-Mali où vit la communauté touarègue.<br />
Ainsi, AQMI, Ansar Eddine et Mujao, les trois mouvements qui se sont alliés pour<br />
conquérir le nord-Mali, se sont développés parce qu’ils ont pu recruter facilement<br />
une jeunesse désœuvrée et sans emploi. L’insécurité, là comme ailleurs, se nourrit<br />
du sous-développement, et on a vu dans le passé qu’une intervention militaire<br />
extérieure ne pouvait être une solution durable.<br />
C’est donc une politique de containment qu’a mis en place la France en cette<br />
fin d’année 2012.<br />
Malheureusement, l’offensive lancée le mercredi 9 janvier par les forces<br />
conjointes d’Ansar Eddine, d’AQMI et de Mujao qui conduit à la prise de Konna,<br />
la porte d’entrée vers le sud, va changer du tout au tout les plans mis en place<br />
en France. Bamako peut tomber très vite aux mains des rebelles touaregs : il faut<br />
réagir. L’appel au soutien de la France du président Traoré et la résolution 2085<br />
vont servir d’appui à la France pour légitimer cette opération.<br />
L’ I N T E RV E N T I O N M I L I TA I R E F R A N Ç A I S E<br />
E T S E S C O N S É Q U E N C E S<br />
L’offensive déclenchée par les djihadistes islamiques s’inscrit clairement en réaction<br />
au plan mis en place par la communauté internationale. Ils ont pris en compte<br />
le délai nécessaire à la mise en place des trois piliers de la riposte organisée par<br />
la France et avalisée par la communauté internationale qui sont consignés dans<br />
la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies : rétablissement<br />
d’un pouvoir central à Bamako avec l’organisation d’élections, reconstitution de<br />
l’armée malienne grâce à une mission de formation, constitution et déploiement<br />
de la MISMA au Mali. Pour la mise en œuvre des trois volets de cette politique,<br />
l’horizon raisonnable était la deuxième moitié 2013, d’autant qu’on voit mal<br />
comment auraient pu être organisées des élections au nord-Mali tant que les<br />
rebelles tenaient les grandes villes. Pour les djihadistes, plus le temps passe, plus<br />
la situation va devenir inconfortable. La riposte militaire va s’organiser contre eux<br />
et leur légitimité n’est pas acquise au sein de la communauté touarègue puisqu’ils<br />
ont écarté le MNLA. A Tombouctou et Gao, les exactions – au nom d’une lecture<br />
dévoyée de l’Islam – commencent à provoquer le rejet des populations. L’offensive<br />
conjointe d’AQMI, de MUJAO et d’Ansar Eddine, lancée le 9 janvier 2013, vise<br />
donc à prendre de vitesse la communauté internationale en conduisant une<br />
offensive militaire éclair sur Bamako avant la saison sèche. Le calcul des djihadistes<br />
est simple : l’armée malienne n’est pas en état de résister et la France ne réagira pas<br />
puisqu’elle a indiqué qu’elle ne souhaitait pas s’engager militairement sur le terrain.<br />
À Paris, le plan échafaudé tout au long de l’année 2012 doit être revu : la prise<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013