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Roses et épines du tandem franco-allemand<br />
Cette impression, qui a suscité une certaine jalousie chez les autres membres de l’Union<br />
Européenne, n’était pas dépourvue de fondements. Cela ne tenait pas, d’ailleurs,<br />
aux particularités personnelles des deux dirigeants. Angela Merkel, fille de pasteur<br />
protestant, née en RDA, fut d’abord surprise par la familiarité de Sarkozy. Mais ces<br />
aspérités initiales laissèrent place à une compréhension mutuelle et à de la solidarité,<br />
liées à la convergence de vues sur le problème principal auquel les deux pays, avec<br />
l’ensemble de l’UE, faisaient face, à savoir la crise financière et économique mondiale.<br />
Un autre facteur contribua à cette « lune de miel » : la répartition officieuse<br />
des rôles sur la scène internationale. L’Allemagne, leader mondial en matière<br />
d’exportations de produits industriels, était en priorité intéressée par la future<br />
intégration économique de l’Union européenne vers l’Est et par la coopération avec<br />
les puissances « émergeantes » de l’ancien Tiers-Monde. Simultanément, le président<br />
français s’efforçait d’asseoir le rôle de Paris comme leader politique, représentant<br />
des intérêts de l’Union européenne tant dans le dialogue transatlantique avec les<br />
États-Unis que dans la sphère d’influence géopolitique traditionnelle de la France,<br />
en l’occurrence autour de la Méditerranée, au Proche-Orient et en Afrique.<br />
Ce partage des rôles ne se fit pas sans accrocs. C’est en fait l’opposition de Merkel<br />
qui discrédita le projet d’Union méditerranéenne promu par Sarkozy. La décision<br />
de l’Allemagne de s’abstenir au Conseil de sécurité de l’ONU lors du vote sur la<br />
Libye, alors que la France défendait activement l’idée d’une intervention armée<br />
(mars 2011), suscita une irritation perceptible à Paris. Toutefois, sur les questionsclés<br />
de politique européenne et mondiale, le couple s’en tint à des positions<br />
concertées et souvent identiques. Le terme de « Merkozy » circula dans les médias,<br />
supposant un directoire franco-allemand de fait au sein de l’Union européenne et<br />
au niveau de ses relations avec le monde extérieur. La suite des événements montre<br />
pourtant que le niveau de convergence d’intérêts entre les partenaires et l’efficacité<br />
du tandem lui-même tendaient à baisser.<br />
U N E N O U V E L L E É TA P E<br />
Pendant la campagne présidentielle française, au printemps 2012, Merkel<br />
exprima publiquement son soutien à Sarkozy et refusa de recevoir son adversaire<br />
socialiste. À son tour, François Hollande rencontra ostensiblement les dirigeants<br />
de l’opposition socio-démocrate allemande, notamment les concurrents potentiels<br />
de la chancelière aux prochaines élections au Bundestag de 2014.<br />
Cet échange d’amabilités n’empêcha pas le nouveau président français, dès le<br />
jour de son entrée en fonctions, le 15 mai 2012, de s’envoler pour Berlin. Il n’y avait<br />
pas à attendre, la crise de la dette souveraine des États du sud de l’UE menaçait<br />
d’effondrement la monnaie unique et de paralysie tout le processus de construction<br />
européenne.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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