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Sommaire - CCIFR

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148<br />

Timofeï Bordatchev<br />

La raison de ce que la confrontation de l’époque de la Guerre froide présentait<br />

une menace de destruction mutuelle n’est pas dans le fait que les deux parties<br />

aienteu disposaient de l’arme nucléaire mais dans l’antagonisme idéologique.<br />

Les « religions » professées en URSS et aux États-Unis refusaient à l’adversaire le<br />

droit d’exister. La destruction de grandes masses de population était admise par<br />

les stratèges de Moscou et de Washington, elle s’appliquait aux États souverains,<br />

libres de pouvoir organiser leur régime social et politique intérieur, ou, pour<br />

utiliser l’appareil conceptuel « westphalien », leur « religion sur son territoire ».<br />

Dans cet objectif de l’Union Soviétique et des États-Unis cherchant d’un côté la<br />

destruction de l’adversaire et en même temps la suppression totale de ses droits<br />

souverains réside l’hostilité unique du XXe siècle idéologique avec son apogée, la<br />

Guerre froide.<br />

À des titres divers, aucun des systèmes de sécurité internationale connus avant<br />

la Guerre froide ne reposait sur une symétrie de puissance chez les parties en<br />

présence. r,Par exemple, les relations entre la France et l’Angleterre. Cette dernière<br />

misait traditionnellement sur la flotte qui devait couper court à une éventuelle<br />

invasion de l’île. En cas de nécessité pour la Grande-Bretagne de participer à des<br />

opérations sur le continent, le nombre de ses troupes était réduit et les territoires<br />

prévus pour y mener des opérations limités. La France, de son côté, misait sur des<br />

armées terrestres faisant nombre et capables de mener des opérations offensives<br />

d’envergure. La flotte française est toujours demeurée réduite et encore beaucoup<br />

moins efficace. Peut-on alors parler de symétrie des forces et des moyens ? De<br />

la même façon, nous ne trouvons pas de tendance à la symétrie dans d’autres<br />

exemples pratiques de relations à caractère concurrentiel.<br />

La diversité des menaces sur la sécurité et l’imprévisibilité du milieu<br />

international que nous observons aujourd’hui existèrent aussi à toutes les époques<br />

historiques ayant précédé la Guerre froide. À aucune de ces époques, les grandes<br />

puissances n’eurent un nombre si limité d’adversaires potentiels qu’entre 1945 et<br />

1991. Le Moyen Empire d’Égypte était menacé non seulement par les Hittites<br />

mais aussi par les nomades libyens. Rome, elle, ne pouvait pas se concentrer<br />

complètement sur son opposition à Parthes dans la mesure où des légions étaient<br />

nécessaires sur le Rhin pour assurer une protection contre les Germains. La France<br />

de Louis XIV s’attendait à des attaques venant du sud, de l’est et du nord-ouest.<br />

La clarté relative quant à l’identité de l’adversaire principal ne se fait jour<br />

que vers le milieu du XIXe siècle. Mais dans le triste exemple de la monarchie<br />

austro-hongroise, les défis militaires étaient particulièrement divers du point de<br />

vue géographique. Sans parler de ce que l’ère de la Guerre froide n’a pas connu<br />

la piraterie maritime de vaste ampleur, alors qu’elle existait comme elle existera<br />

toujours. L’URSS et les États-Unis ne furent pas confrontés aux défis du terrorisme<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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