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Jean-Pierre Maulny
La reconquête du nord Mali s’est faite en trois semaines et les forces françaises
se sont parfaitement acquittées de l’opération. Les lacunes militaires constatées
(moyens de transport stratégique, renseignement par le biais de drones, moyens
de ravitaillement en vol) sont celles déjà rencontrées lors de l’opération en Libye et
qui, à vrai dire, étaient déjà identifiées dans le Headline Goal du début des années
2000 au moment où la Politique de sécurité et de défense commune de l’Union
européenne fut créée !
Le défi politico-militaire est en revanche beaucoup plus important car il
conditionne à terme le succès de l’opération entreprise. Il faut tout à la fois :
• reconstituer l’armée malienne ;
• venir en soutien de la force interafricaine qui doit se substituer avec l’armée
malienne à la force militaire française ;
• aider à la mise en place le plus rapidement possible d’un gouvernement
démocratiquement élu au Mali ;
• encourager la mise en place d’un dialogue entre le pouvoir central malien
et la communauté touarègue en vue de trouver une solution négociée aux
revendications de plus grande autonomie des Touaregs ;
• aider au développement économique du Mali et de la zone sahélienne en
particulier pour éradiquer le sous-développement qui sert de terreau au couple
extrémisme islamique/ développement du trafic de drogue.
Au Mali, pas plus qu’en Afghanistan, la solution militaire ne peut constituer à
elle seule une réponse aux défis de sécurité. Si les conditions d’une vraie politique
de state building ne sont pas mises en place dans la région, on peut penser que la
menace des extrémistes islamistes, qui a aujourd’hui reflué, augmentera de nouveau
et ce quel que soit le nombre de militaires présents sur le terrain. Il faut un véritable
plan de développement régional pour le Sahel qui devrait s’appliquer à plusieurs
pays de la région, afin qu’il devienne une zone de développement économique
et que les populations ne dépendent plus uniquement des trafics, notamment de
drogue, pour leur survie.
À terme, il sera également nécessaire qu’une force de l’ONU prenne le relais
de la MISMA. On a vu que les exactions commises par les djihadistes islamistes
risquaient de créer des phénomènes de représailles massives de la part des ethnies
du sud du Mali. Les extrémistes islamistes chercheront à créer cette scission
violente entre le Nord et le Sud pour asseoir leur légitimité dans la région et il est
nécessaire d’éviter ce piège.
M A L E N T E N D U S AV E C L’ U N I O N E U R O P É E N N E
On se trouve ici face au dilemme du verre à moitié vide et du verre à moitié
plein. En France, les discours ont fusé sur le thème de l’absence de solidarité de
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013