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Yves Boyer<br />
ainsi que cinq missions clés définissent la tâche des forces armées : connaître et<br />
anticiper ; prévenir ; dissuader ; protéger ; intervenir.<br />
Chacune de ces grandes missions se subdivise en fonctions et besoins<br />
spécifiques. C’est ainsi, par exemple, que la dissuasion commande de disposer<br />
de capacités de lutte anti-sous-marine de pointe. Le maintien de la cohérence<br />
de l’ensemble fonctions/moyens est obtenu par un dialogue permanent entre<br />
les grandes institutions du ministère de la défense – EMA et DGA. Le résultat<br />
de leur interaction est validé dans le cadre du PP30 (Plan prospectif à 30 ans),<br />
formellement rédigé par la DGA. Son but est d’offrir à la France les moyens de sa<br />
défense, qui restent cohérents avec les objectifs politiques et militaires, au premier<br />
rang desquels se trouve le principe d’autonomie de décision, qui ne préjuge pas<br />
du respect des engagements internationaux de la France dans le cadre de ses<br />
alliances ou d’accords bilatéraux. Cette organisation très centralisée et parfois<br />
lourde placée au service de l’autonomie française en matière de défense renforce<br />
l’immunité de la politique arrêtée aux changements intempestifs et aux décisions<br />
hâtives qui mettraient en cause la cohérence de l’appareil de défense. Autrement<br />
dit, ce système reste à l’abri d’ingérences extérieures directes, notamment de la<br />
part de l’OTAN. Si les missions de la France dans le cadre de l’Alliance restent<br />
une des composantes de l’élaboration du PP30, l’OTAN n’en est ni l’inspiratrice<br />
directe ni le commanditaire immédiat. Ce système fait l’objet d’un consensus de<br />
la part des partis de gouvernement. C’est ainsi que si le président Hollande avait<br />
annoncé dès le début de son mandat des réductions budgétaires du ministère de la<br />
défense, il avait cependant affirmé qu’il serait particulièrement attentif à maintenir<br />
la cohérence du modèle français de défense. C’est à ce prix que la France peut<br />
conserver une place unique au sein de l’Alliance atlantique en préservant certaines<br />
fonctions stratégiques, ce que les Britanniques n’avaient pas réussi à faire dans le<br />
cadre de leur Strategic Defence Review (SDR) de 2010. Il avaient ainsi renoncé à<br />
leur aviation de patrouille maritime, pourtant nécessaire pour garantir la sûreté<br />
des SNLE (sous-marins lanceurs d’engins) qui assurent la dissuasion nucléaire<br />
britannique.<br />
L E S F O R C E S C L A S S I Q U E S , L’O TA N E T L E S É TAT S - U N I S<br />
Dans le cadre des fonctions stratégiques assignées aux armées françaises, les forces<br />
classiques sont particulièrement concernées par les fonctions de protection, de<br />
prévention et d’intervention qui relèvent de la stratégie nationale française. Pour<br />
chaque armée (Terre, Air et Mer), des commandements spécifiques existent pour<br />
entraîner les forces et, si nécessaire, les engager dans le cadre d’opérations interarmées<br />
nationales, alliées ou au sein d’alliances de circonstance. Ces commandements<br />
ont reçu l’agrément de l’OTAN pour exercer le commandement des différentes<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013