22.06.2013 Views

Sommaire - CCIFR

Sommaire - CCIFR

Sommaire - CCIFR

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

142<br />

Yves Boyer<br />

défense ». Force est de constater que, depuis, les faits n’ont pas suivi les intentions<br />

avec célérité. Il convient dans ces conditions de s’interroger sur la méthode suivie<br />

pour faire progresser la défense européenne qui, jusqu’à présent, n’a servi qu’à<br />

révéler l’attitude trop velléitaire des États européens. Avec la définition des besoins<br />

militaires européens (Helsinki Headline Goal), avec les espoirs, vite déçus, de la<br />

mise sur pied de l’AED, avec la mise au point de la structure de commandement<br />

politico-militaire d’une opération militaire européenne, les réalisations semblent<br />

impressionnantes. Mais la réalité reste décevante. Elle l’est pour différentes raisons,<br />

dont certaines doivent être rappelées, comme le fait que l’existence même de<br />

l’OTAN obère toute perspective de défense européenne alors que l’organisation<br />

militaire intégrée apporte de moins en moins de réponses satisfaisantes aux<br />

défis stratégiques auxquels sont confrontés les Européens. Les affirmations selon<br />

lesquelles une complémentarité reste possible entre l’OTAN et le projet de défense<br />

européenne témoignent d’une grande hypocrisie.<br />

Les conditions géopolitiques actuelles pourraient cependant redonner<br />

ses chances à la constitution non de l’Europe de la défense mais de la défense<br />

européenne. En effet, plusieurs facteurs d’importance commencent à modifier<br />

l’équation ancienne. Le premier est lié aux conséquences délétères sur l’OTAN des<br />

deux grandes opérations militaires de ces dix dernières années. La guerre d’Irak et<br />

ses suites ont vu l’OTAN divisée politiquement. Certains de ses membres européens<br />

qui s’y étaient engagés s’en sont retirés plus honteux que triomphants. La défaite<br />

d’Afghanistan, à moins que l’on préfère le terme aseptisé de retrait, constitue une<br />

leçon cuisante administrée aux partisans d’une OTAN intervenant urbi et orbi.<br />

Enfin, la préservation des intérêts stratégiques américains appelle Washington à<br />

être présent prioritairement dans la zone du Pacifique. Le poids du commandement<br />

américain pour le Pacifique (PACOM) va s’accroître considérablement au sein de<br />

la machine militaire américaine, reléguant celui pour l’Europe (EUCOM) à une<br />

place qui s’apparentera davantage au Commandement pour l’Amérique du Sud<br />

(SOUTHCOM). Si des forces américaines resteront en Europe, beaucoup d’entre<br />

elles en ont été retirées (le volume des unités de l’US Army va plafonner en 2013<br />

à 30 000 hommes contre 270 000 il y a 25 ans). Et, au total, ce ne seront plus<br />

que 70 000 GI’s qui demeureront en Europe. Le poids de cette dernière et ses<br />

préoccupations de défense n’occuperont plus qu’une place subalterne à Washington.<br />

Les liens militaires, tant personnels que structurels, entre l’Amérique et l’Europe<br />

retrouveront leur cours normal après un demi-siècle d’exceptionnalité. L’Alliance<br />

atlantique demeurera comme alliance traditionnelle entre l’Europe et « sa fille<br />

l’Amérique », pour reprendre l’expression du général de Gaulle, maintenue pour le<br />

cas exceptionnellement grave, mais aujourd’hui improbable, d’une agression dans<br />

l’espace nord-atlantique contre l’un de ses membres.<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!