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Sommaire - CCIFR

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Evguenia Obitchkina<br />

sensiblement modifier la politique étrangère russe : le partenariat avec l’Occident<br />

deviendrait dès lors optionnel. La nouvelle ligne politique russe attribuait une<br />

place prépondérante au facteur énergétique. Désireuse de neutraliser l’« arme<br />

énergétique » russe, la France se mit à promouvoir des projets d’acheminement<br />

d’hydrocarbures d’Asie centrale contournant la Russie et à prendre le parti de<br />

l’Ukraine dans ses différends gaziers avec Moscou. Cependant, dans un contexte<br />

de refroidissement global des rapports entre la Russie et l’Occident, Moscou<br />

appréciait la prudence affichée par Paris dans les débats entourant la création<br />

d’une défense antimissile européenne, ainsi que la volonté française de régler le<br />

problème nucléaire iranien par la négociation.<br />

Après la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2007, le<br />

partenariat stratégique avec la France est resté un élément important — mais<br />

pas indiscutable — de la politique russe. L’atlantisme déclaré du nouveau leader<br />

n’incitait pas Moscou à l’optimisme. Pour autant, les principes directeurs de la<br />

politique étrangère française ne dépendent pas du bon vouloir du président : pour<br />

entretenir un rang de puissance dotée d’une responsabilité globale, la France doit<br />

défendre les intérêts européens, lesquels ne sont pas toujours identiques à ceux des<br />

États-Unis. C’est ce qui fonde la coopération française avec la Russie. Moscou a<br />

réagi avec calme à la décision de Sarkozy de revenir dans les structures militaires de<br />

l’Alliance du Traité de l’Atlantique Nord, même si, parmi les raisons ayant présidé<br />

à cette décision, il y avait « le retour de la Russie à une politique d’affirmation<br />

de sa puissance ». Cette sérénité russe s’explique par le fait que ni l’URSS en son<br />

temps, ni la Russie dernièrement n’avaient obtenu le moindre avantage du statut<br />

« particulier » de Paris au sein de l’OTAN. De plus, il était permis d’espérer que<br />

la France réintégrait le commandement militaire de l’Alliance avec l’intention de<br />

faire progresser une défense commune européenne visant à protéger les intérêts<br />

du continent entier.<br />

Moscou accueillit avec espoir la présidence française de l’UE au second<br />

semestre 2008 : ce mandat devait contribuer à la signature d’un nouvel accord entre<br />

la Russie et l’Union européenne. Et, même si les négociations furent interrompues<br />

par le conflit qui a éclaté en août au Caucase, il est fondamental que l’Europe ait été<br />

à cette période incarnée par la France et non par un autre pays. Sarkozy endossa<br />

un rôle de médiateur entre Moscou et Tbilissi. Ce fut une médiation bienveillante<br />

pour Moscou, grâce au dialogue constant entretenu par les deux parties dans le<br />

cadre du Conseil de coopération franco-russe sur les questions de sécurité, grâce<br />

aussi au refus de la France d’octroyer à la Géorgie et à l’Ukraine un plan d’adhésion<br />

à l’OTAN. Mais la crise géorgienne a également mis en évidence la différence des<br />

approches russe et française. À ce jour, les auteurs du plan Medvedev-Sarkozy<br />

continuent d’en faire des lectures différentes. Par la suite, si le président français<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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