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Pourquoi l’autonomie n'affaiblit
pas l’Alliance atlantique
OTAN, États-Unis : la fin de « l’exception française » ?
Yves Boyer
La position politique et stratégique de la France à l’égard de l’Alliance atlantique
et des États-Unis a toujours été empreinte d’une certaine ambiguïté. Celle-ci
était perçue avec acuité dans de nombreuses capitales qui considéraient qu’elle
était l’expression de « l’exception » française, dont l’indépendance demeure le
principe cardinal. La décision du président Sarkozy de réintégrer pleinement le
commandement militaire intégré de l’Alliance occidentale n’a pas mis fin à cette
ambiguïté. Cette position originale de la part de Paris n’a ainsi cessé de donner lieu
aux interprétations les plus diverses sans que soient pris en compte avec autant
d’attention qu’ils le méritent les facteurs objectifs sur lesquels elle se fonde. Ces
facteurs expliquent l’attitude constante de la France à l’égard de ses alliés, résumée
d’une façon lapidaire par le président François Mitterrand : « alliés mais pas
alignés ». Ils permettent de comprendre que cette ambiguïté détermine la volonté,
affichée par tous les présidents de la Ve République, de préserver le principe
d’autonomie qui s’applique à la conduite tant de la politique étrangère que de la
politique de défense française. L’analyse de cette dernière permet de le montrer.
U N E C O N J O N C T U R E É C O N O M I Q U E
E T F I NA N C I È R E D I F F I C I L E
Comme tout autre domaine de l’action publique, la politique de défense française
s’inscrit dans un cadre financier et économique très contraint. Les dettes et déficits
publics, que l’on retrouve dans d’autres pays membres de la zone euro, ont fini par
mettre en grave difficulté la construction européenne. Les tensions sont telles que
l’absence de solutions à la crise et l’incapacité des États membres à trouver des issues
communes, notamment celles consistant à créer une plus grande intégration fiscale
et budgétaire, remettent en cause l’édifice même de la construction européenne
Yves Boyer, Professeur à l’École polytechnique titulaire du cours « Géopolitique et
stratégie » ; directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS)
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013