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Sommaire - CCIFR

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Anne de Tinguy<br />

Institut de la démocratie et de la coopération, « think-tank non gouvernemental »<br />

dont l’objectif est de « corriger les idées fausses » et de promouvoir la conception<br />

russe des relations internationales. Souvent considérées comme des relais de la<br />

voix du Kremlin, beaucoup de ces initiatives ne semblent pas pour le moment<br />

avoir trouvé le positionnement qui leur permettrait de s’imposer. Le problème<br />

d’image de la Russie étant, on l’a dit, avant tout lié à l’évolution interne du pays,<br />

elles se heurtent aussi et surtout aux réalités nationales.<br />

Conclusion : la logique de la distanciation prendra-t-elle le dessus ?<br />

La détérioration des perceptions de la Russie pèse sur la relation France/<br />

EU-Russie. Elle a pour conséquence un durcissement des attitudes à l’égard de<br />

la Russie et une moindre perméabilité des Français comme des autres Européens<br />

aux positions prises par le Kremlin. Les résultats des enquêtes citées ci-dessus en<br />

attestent clairement. La Russie paraît par ailleurs de plus en plus lointaine. Au<br />

milieu des années 2000, Dov Lynch de l’Institut d’études de sécurité de l’UE notait<br />

déjà que la Russie s’éloignait de l’image que nous avions d’elle, qu’elle n’évoluait pas<br />

comme nous souhaitions et pensions qu’elle évoluerait. Un rapport de l’Assemblée<br />

nationale concluait à la même époque que « la Russie est un pays irréductible aux<br />

typologies occidentales ». Aujourd’hui, celle-ci apparaît en effet de moins en moins<br />

« comme nous » : les positions que prennent les Russes apparaissent de plus en<br />

plus décalées par rapport à celles des Français. L’enquête 2012 du German Marshall<br />

Fund est à cet égard éclairante. Les réponses apportées par les uns et les autres<br />

aux questions sur « les régions du monde les plus importantes pour les intérêts<br />

nationaux » de leur pays, le rapport à la Chine, l’approche américaine en matière de<br />

relations internationales, l’intervention en Libye, le principe de la « responsabilité<br />

de protéger les civils d’autres États de la violence » et la question des valeurs et de<br />

la démocratie révèlent des visions du monde très divergentes. Perçue comme de<br />

plus en plus différente, la Russie est ipso facto considérée comme faisant de moins<br />

en moins partie de l’espace européen (au sens UE).<br />

Deux logiques dominent depuis 1991 les relations russo-européennes.<br />

La première est celle du rapprochement et de l’association. La seconde, celle de<br />

la distanciation. Les deux sont à l’œuvre, mais les regards actuellement portés<br />

en France sur la Russie suggèrent que la seconde gagne du terrain. Les intérêts<br />

communs étant réels, le risque n’est pas une rupture, mais une coexistence qui ne<br />

permettrait pas à la Russie de prendre toute sa place en Europe.<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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