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Mikhaïl Vinogradov
ce qu’approchant) furent nettement réduits. Le pouvoir en place réussit à étendre
l’horizon de sa planification politique (en gros, du semestre à l’année). De plus, si
au début de l’année 2012, la possibilité même pour le président d’exercer jusqu’au
bout de son mandat ne semblait pas évidente, on commence désormais à suggérer
l’idée d’une participation de Poutine aux élections de 2018. D’ailleurs, le revers
de la médaille fut la baisse significative de productivité des organes de pouvoir.
Le manque de mécanismes de régulation des conflits au sein de l’establishment
demeure un problème à part entière. C’est particulièrement dangereux dans un
contexte de diffusion parmi les élites d’idées selon lesquelles les interventions
contestataires ne sont que la poursuite d’un jeu interne, que des clans concrets se
tiennent derrière les manifestations de masse ou l’action des Pussy Riot et se font
des signaux les uns aux autres.
Le troisième volet de la réforme politique, consistant à assouplir les règles
du jeu dans la « politique publique », a conduit à une libéralisation du mode
d’enregistrement des partis. Même des obligations largement formelles telles
que la création d’une télévision publique ou imposer au parlement d’examiner
les pétitions de plus de 100 000 signatures par internet sont reportées sine
die. Après le second suicide politique de Mikhaïl Prokhorov et la révision à
la baisse des attentes relatives à la carrière politique d’Alexeï Koudrine, on
assista à une campagne dirigée contre les « agents de l’étranger » et l’« affaire
du Marais » (du nom de la place du Marais, place « Bolotnaïa » en russe, où
se déroula la plus grande manifestation). Le parti d’opposition « Russie Juste »
s’est trouvé désagrégé, le KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie)
se voit contraint de jouer un rôle de relais des initiatives de Poutine, le LDPR
(Parti démocrate-libéral de Russie) fait pratiquement partie de la coalition
au pouvoir et a obtenu un poste de gouverneur pour son leader, Vladimir
Jirinovski, dans la région de Smolensk.
En outre, renoncer à la réforme politique n’a contribué ni à réduire ni à
renforcer la tendance contestataire. Le mouvement « du Marais » n’était pas prêt
à participer aux procédures électorales et, pour cette raison, il n’y a pas eu de
véritables affrontements autour des élections aux postes de gouverneurs. Le ton
des conclusions tirées quant au potentiel des contestataires varie en fonction des
succès ou des échecs de telle ou telle action de l’opposition. Par conséquent, en
s’abstenant de porter des appréciations plus générales concernant les perspectives
des protestations, nous noterons que les facteurs qui se sont fait jour en 2012
sont en mesure d’influencer l’activisme de l’opposition.
Dans un contexte de faible capacité des hommes du front de la contestation
à améliorer le caractère de masse du mouvement ou à négocier avec les élites
en place, les médias jouent de plus en plus le rôle de moteur des humeurs
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013