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Sommaire - CCIFR

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Raison d’être<br />

trois facteurs : le caractère létal de la confrontation mutuelle, la propension des<br />

parties à la symétrie des forces, et, enfin, le nombre limité de menaces et de défis<br />

à la sécurité. Le contexte international exceptionnellement fluctuant du XXIe<br />

siècle, par la nature des relations entre les États, est beaucoup plus proche de<br />

l’étape précédente de l’Histoire de l’humanité que de la période 1945-1991, très<br />

brève historiquement et pendant laquelle ont surgi les institutions internationales<br />

aujourd’hui en vigueur.<br />

Dans aucune des périodes précédentes les États dominants n’ont eu à agir dans<br />

des circonstances aussi simples. Jamais auparavant les élites n’ont eu à faire face à<br />

un nombre si restreint de tâches analytiques et pratiques. Le système de la sécurité<br />

internationale (la dissuasion) pendant la Guerre froide était, en comparaison avec<br />

les périodes précédentes et suivantes, particulièrement simple. Les instruments<br />

méthodologiques et théoriques qu’elle a engendrés étaient élémentaires. Dans le<br />

domaine de la réflexion politique et de la science, la Guerre froide a constitué un<br />

ensemble de décisions et de réactions schématiques appliqués dans une situation<br />

unique et sans précédent. Aujourd’hui, il faut renoncer au style de réflexion de cette<br />

époque et élaborer des modes de décision politiques, juridiques, internationaux et<br />

institutionnels plus pérennes.<br />

Personne ne contestera que les relations internationales reposaient auparavant<br />

sur une hostilité séculaire. Ce fut le cas entre le Moyen Empire d’Égypte et les<br />

Hittites, Rome et Parthes, puis, après la période de pouvoir personnifié du Moyen<br />

Âge, entre l’Angleterre, la France et l’Espagne au XVIe siècle, entre les belligérants<br />

de la Guerre de Trente ans issus des signataires des Traités de Westphalie, les<br />

puissances européennes du XVIIe siècle et, enfin, les pays maintenant l’équilibre au<br />

XIXe siècle. De plus, dans aucun des systèmes d’avant le XXe siècle les adversaires<br />

potentiels, en cherchant toujours à atteindre un équilibre des forces, ne se sont fixé<br />

pour objectif une destruction mutuelle. Ainsi l’hostilité ne s’est-elle pas transformée<br />

en menace existentielle pour la survie de l’adversaire mais a servi en règle générale<br />

de base de reconnaissance mutuelle. Elle fut le facteur principal, bien que négatif,<br />

de construction du dialogue politique et du compromis.<br />

Les exemples les plus marquants de ces compromis sont les Traités de<br />

Westphalie de 1648, puis le Congrès de Vienne de 1815 qui se transforma par<br />

la suite en système informel de l’équilibre européen au XIXe siècle. Ce n’est pas<br />

par hasard que dans ces cas précis la période sans guerres générales en Europe<br />

a duré 108 ans d’abord (1648-1756), puis 99 ans (1815-1914). Tous les conflits<br />

de ces périodes « de paix » avaient un caractère régional et suivaient un objectif<br />

consistant à corriger des déséquilibres des forces et non à procéder à une révision<br />

du système international dans son ensemble.<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />

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