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Le mythe de l’islamisation
pas anodine concernant l’islam. En effet, le mythe de l’islamisation comprend
un premier volet quantitatif qui postule un accroissement prodigieux du
nombre de musulmans, accroissement qui serait voulu par les musulmans
eux-mêmes dans leur désir de conquête. Mais revenons précisément à la
question. Il y a aujourd’hui entre 13 et 16 millions de musulmans dans l’Union
Européenne, soit aux alentours de 3 % d’une population de près de 500 millions
d’âmes. Concernant la France en particulier, on trouve des chiffres allant de
2,1 millions d’individus à un peu plus de 6 millions, pour une population
de 65 millions d’individus. Si l’on ne compte que les individus adultes qui
pratiquent et se reconnaissent comme musulmans, on se situe alors autour de
2 à 3 millions (autour de 4 millions si l’on fait entrer les jeunes mineurs dans
le calcul, ce qui donne à peu près 6,5 % de la population française). Mais dans
tous les cas, nous n’atteignons en rien les 6 millions sans cesse ressassés (sans
doute pour pouvoir atteindre le palier symbolique « effrayant » des 10 % de la
population française). Remarquons d’ailleurs que ces 6 millions sont évoqués
dans les discours publics depuis plus d’une décennie, en général par ceux qui
y perçoivent une raison de s’alarmer et prophétisent un accroissement rapide.
Même ceux, donc, qui prophétisent depuis près d’une décennie un accroissement
aboutissant dans 10, 20 ou 30 ans au débordement démographique musulman
de l’Europe reprennent ces chiffres qui, même surévalués, n’ont pas beaucoup
bougé depuis dix ans. Tout simplement parce que la courbe de croissance de
la population musulmane dans le monde est globalement en train de s’écraser,
en Europe, elle est plutôt stable ou en baisse. En France en particulier, le
taux de natalité des populations théoriquement musulmanes est proche de la
moyenne nationale (certes, on ne peut faire en France de statistiques ethniques
et religieuses, mais j’ai malgré tout trouvé une enquête scientifique portant sur
la France, réalisée par des chercheurs allemands en 2007). Il y a seulement trois
voies d’accroissement de la population musulmane en France et en Europe :
la fécondité des femmes, l’immigration et enfin la conversion. L’immigration
théoriquement musulmane est certes, en Europe, en provenance du Maroc, en
France, de l’ensemble du Maghreb et dans une moindre mesure de l’Afrique
subsaharienne ; mais elle est très fortement concurrencée par l’immigration
asiatique (la Chine est maintenant le deuxième pays d’immigration vers
l’Europe). Je n’ai pas la place ici d’analyser précisément la natalité, séparément
de la conversion et de l’immigration des musulmans - je renvoie le lecteur
avide de détails à mon dernier livre dans lequel j’analyse la plupart des enquêtes
disponibles sur ces questions - mais il se trouve qu’aucun de ces trois vecteurs
n’est susceptible de faire progresser notablement la part des musulmans dans
la population française.
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013
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