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Sommaire - CCIFR

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54<br />

Mikhaïl Vinogradov<br />

L’essentiel de la problématique Poutine réside ici : a-t-il un nouveau projet fort et<br />

cohérent qu’il ait l’intention de mettre en œuvre de façon suivie ? Les tentatives<br />

de durcissement du contrôle administratif sur les élites tendent à confirmer<br />

cette supposition, de même que le renforcement des craintes du président<br />

quant à l’aggravation de la conjoncture internationale à l’égard de la Russie et<br />

l’élaboration plus active de constructions idéologiques visant à garantir la loyauté<br />

des citoyens (les notions de « peur des changements », d’« orthodoxie » et de<br />

« patriotisme » se substituant les unes aux autres). Si un tel programme s’est plus<br />

ou moins constitué dans l’esprit de Poutine, l’action du pouvoir peut devenir<br />

plus précise et plus cohérente. Des composantes isolées de ce « programme »<br />

seront encore mises au point, mais toute l’initiative reviendra à Poutine pour<br />

un certain temps et permettra d’interrompre l’« usure morale » du système qui<br />

ne cesse de s’aggraver.<br />

De plus, le jeu mené en politique intérieure – durcissement et volonté de créér<br />

de toutes pièces des situations critiques en espérant du bénéfice à les résoudre –<br />

pourrait être utilisé plus activement dans la politique étrangère. Le manque de<br />

leviers diplomatiques pour influencer les pays du G8 pourrait être compensé par<br />

un regain de pression sur les États de l’espace post-soviétique. Ce qui pourrait<br />

d’ailleurs susciter de la résistance même au-delà des pays traditionnellement<br />

frondeurs tels l’Ukraine, la Biélorussie ou le Turkménistan. Comme le montrent les<br />

interventions récentes, résolument critiques, de Noursoultan Nazarbaïev à propos<br />

des projets de « rétablissement » de l’URSS, la loyauté du Kazakhstan a ses limites.<br />

Or, même dans le cas (pas du tout garanti à l’heure actuelle) de la présence<br />

d’une « grande idée », il y aura à l’ordre du jour plusieurs questions. Parmi elles :<br />

• La viabilité du nouveau projet poutinien, son adéquation aux défis actuels<br />

de l’économie et de la politique sur fond d’expérience étrangère ambiguë visant à<br />

« s’appuyer sur ses propres forces » dans un contexte de mondialisation.<br />

• La correspondance de ce « projet » aux attentes des citoyens victimes d’un<br />

nouvel accès de pessimisme et réfléchissant selon la logique « Nous ne voulons<br />

aucun changement mais nous ne pouvons plus vivre comme ça ».<br />

• La capacité de briser le pessimisme global de l’élite agissante, qui souffre<br />

d’un manque non seulement d’instruments pour améliorer réellement sa<br />

compétitivité, mais aussi d’une minimale en la possibilité essentielle de procéder à<br />

des changements positifs, ne serait-ce que dans certains domaines (mise en place<br />

d’une science moderne, solutions à la dégradation du système de santé publique,<br />

réduction de la corruption, etc.). Sans changement de situation en la matière, le<br />

risque demeurera toujours que l’élite prenne le retour de Poutine à la présidence<br />

non comme une preuve du renforcement du système mais comme la plus grande<br />

erreur personnelle du personnage.<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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