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Sommaire - CCIFR

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Evguenia Obitchkina<br />

Unis : en signe de protestation contre le plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN<br />

proposé à la Pologne, à la République tchèque et à la Hongrie, Eltsine a refusé<br />

de se rendre au sommet, où il avait été invité à l’initiative de Paris ; de son côté,<br />

Chirac, mécontent du rejet de son propre plan de réforme du bloc, a décidé que<br />

la France ne reviendrait pas dans le commandement militaire de l’OTAN comme<br />

c’était prévu.<br />

L’administration américaine se montrant extrêmement réticente à prendre en<br />

compte les intérêts de la Russie, la mise en œuvre d’un « partenariat privilégié »<br />

avec la « vieille » Europe est devenue encore plus vitale pour Moscou. Les Russes<br />

caressèrent le projet d’une « grande troïka européenne » — une alliance susceptible<br />

de compenser la perte d’influence régionale de la Russie. À l’automne 1997, les<br />

leaders de la Russie, de la France et de la RFA ont convenu d’organiser chaque année<br />

des réunions trilatérales. Eltsine déclara que, dorénavant, l’Europe « se passerait du<br />

Monsieur d’outre-Atlantique ». Mais Jacques Chirac et Helmut Kohl signalèrent<br />

explicitement que leur participation à la « grande troïka » ne contrevenait<br />

aucunement à leur engagement au sein de l’UE et à leur alliance avec les États-<br />

Unis. La France, qui se donnait à cette époque pour but prioritaire de confirmer<br />

son statut de puissance dotée d’une responsabilité mondiale, avait de plus en plus<br />

de mal à résister à l’attraction exercée par la superpuissance américaine, d’autant<br />

plus qu’il semblait alors que le monde était revenu à un modèle civilisationnel<br />

unique, sous l’égide des démocraties libérales occidentales. Le maintien de son<br />

appartenance au groupe des leaders ne permettait pas à Paris de développer<br />

parallèlement des relations privilégiées avec la Russie.<br />

U N PA R T E NA R IAT O P T I O N N E L<br />

La participation de la France à l’opération de l’OTAN en Yougoslavie en 1999<br />

fut le moment de vérité. Même si Chirac avait pris le soin d’avertir Eltsine, en<br />

lui téléphonant en pleine nuit, du bombardement imminent de Belgrade, le<br />

président russe ne pardonna pas à son homologue français le ralliement total de<br />

Paris à Washington. Eltsine condamna les agissements de l’OTAN, qu’il qualifia<br />

d’agression injustifiée, et reçut froidement Chirac venu lui demander de soutenir,<br />

au Conseil de sécurité de l’ONU, l’ingérence de l’Alliance atlantique dans la crise du<br />

Kosovo. Le cas kosovar a constitué un précédent en termes d’intervention armée<br />

de l’OTAN dans les affaires intérieures d’un État européen souverain au nom de la<br />

défense des droits de l’homme. Eltsine sentait sans doute qu’il aurait pu partager le<br />

destin de Milosevic — à ceci près que la Russie avait conservé ses armes nucléaires,<br />

principale garantie contre toute intervention extérieure.<br />

Au même moment, l’UE adopta une stratégie générale à l’égard de la Russie.<br />

Sur les dossiers les plus tendus, les Français se mirent de plus en plus souvent à se<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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