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Dmitri Trenine<br />
règlement du problème des missiles de croisières ; quant au rétablissement du<br />
contrôle des armements conventionnels, cette possibilité est perçue en Russie<br />
d’une façon radicalement différente de celle définie dans le Traité sur les forces<br />
conventionnelles en Europe (FCE), y compris dans sa version adaptée. Pour<br />
Moscou, un monde sans armes nucléaires est une illusion dangereuse et la<br />
progression vers un tel idéal constitue une affaire risquée.<br />
C O N T I N U I T É E T I N N O VAT I O N S<br />
En dépit du changement de président, le groupe de personnalités participant à<br />
l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique étrangère russe n’a que très peu<br />
évolué depuis un an. Pourtant, le consensus de politique étrangère — autrement dit,<br />
l’adhésion de la majorité de la population à la politique conduite par les autorités<br />
— ne cesse de s’affaiblir. Ce phénomène s’explique par deux facteurs principaux :<br />
d’une part, les corporations, compagnies, clans et autres groupements publics<br />
et privés définissent leurs propres intérêts de politique étrangère ; de l’autre, on<br />
assiste à un morcellement politico-idéologique de la société, dont divers groupes<br />
défendent des orientations de politique étrangère différentes. Ce processus n’est<br />
pas directement lié au « grand roque » qui s’est produit au Kremlin, et est amené<br />
à se poursuivre au fur et à mesure de l’éveil de la société. Bien sûr, à court et<br />
à moyen termes, les principales décisions de politique étrangère seront prises<br />
avant tout par Vladimir Poutine et mises en œuvre par l’appareil bureaucratique<br />
existant ; mais par la suite, des idéologies et des intérêts divergents s’affronteront<br />
pour déterminer le cap que le pays suivra en matière de politique extérieure.<br />
Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur la politique extérieure du troisième<br />
mandat du président Poutine. Les mesures décisives n’ont pas encore été prises, les<br />
discours « historiques » n’ont pas encore été écrits. La conjoncture dans laquelle<br />
évolue la Russie change rapidement, et pas toujours de façon prévisible. Il est<br />
cependant d’ores et déjà possible de constater que les tendances qui se dessinent<br />
aujourd’hui — « rééquilibrage » géopolitique en faveur de l’Eurasie et de la région<br />
Asie-Pacifique, « souverainisation » symbolique de la Russie et éloignement<br />
croissant vis-à-vis des États-Unis et de l’UE, érosion du consensus géopolitique<br />
— vont s’approfondir. La quatrième phase de la politique étrangère poutinienne<br />
va très probablement différer sensiblement des trois précédentes.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013