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Pierre Kopp<br />
répercussions sur l’économie réelle et notamment le relèvement des taux d’emprunt<br />
immobilier qui s’accompagne d’un ralentissement de la construction, secteur très<br />
riche en emploi.<br />
Cet épisode a été le révélateur de pratiques anciennes qui se voient ainsi<br />
sanctionnées par les marchés ; d’une part la dette publique de la France a<br />
tendanciellement progressé plus rapidement que le revenu national pour atteindre<br />
un niveau très élevé, d’autre part, son déficit public se réduisait plus lentement que<br />
ceux de ses principaux partenaires.<br />
Outre l’effet amplificateur de la crise, la dégradation des finances publiques<br />
résulte en effet largement d’une tendance à l’œuvre depuis le milieu des années 1970.<br />
Les événements conjoncturels de ces dernières années n’ont ainsi fait qu’aggraver une<br />
tendance lourde d’accumulation de déficits publics qui s’expliquent par des causes<br />
structurelles.<br />
Le gouvernement avait toutefois pris conscience de l’ampleur de la situation et<br />
du risque de spirale lié à la défiance des marchés en adoptant, dès août 2011, une<br />
série de mesures d’assainissement budgétaire. Les mesures d’économie programmées<br />
visaient une réduction de 3 points du déficit structurel sur deux ans (2011 et 2012)<br />
et un retour à un déficit contenu à 3% en 2013. Cet effort était nécessaire afin de<br />
stabiliser la dette (au sens de Maastricht) à environ 90% du PIB. Toutefois, afin de<br />
limiter l’impact de cet effort budgétaire sur la croissance (la baisse d’un point de<br />
PIB du déficit structurel est généralement associée à une perte d’un demi-point<br />
de croissance), les premières mesures adoptées ont été ciblées. Ainsi, il n’y a pas<br />
eu de hausse généralisée du taux principal de TVA (19,6 %), mais une hausse du<br />
taux réduit (de 5,5% à 7%) et seulement sur un nombre restreint de produits. Les<br />
mesures fiscales (désindexation de l’impôt sur le revenu et de l’impôt de solidarité<br />
sur la fortune, prélèvement libératoire accru pour les dividendes et intérêts, hausse<br />
de la CSG sur les revenus du capital, taxation accrue des plus-values immobilières,<br />
etc.) ont principalement concerné les ménages aisés, les revenus du capital et<br />
le patrimoine afin de ne pas affecter le pouvoir d’achat des ménages aux revenus<br />
moyens et modestes dont la propension marginale à consommer est la plus élevée.<br />
B I L A N 2 0 1 2 E T P E R S P E C T I V E S P O U R 2 0 1 3<br />
Le ralentissement de l’activité à l’échelle mondiale et particulièrement en Europe a<br />
imposé de nouvelles mesures d’économies pour tenir les engagements de réduction<br />
des déficits.<br />
Alors qu’au deuxième trimestre 2012 l’économie américaine a progressé sur un<br />
rythme proche de celui du trimestre précédent (+ 0,3% après + 0,5%), portée par<br />
la bonne tenue de la demande intérieure privée et les exportations, les économies<br />
européennes se sont majoritairement repliées, principalement en raison du recul de<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013