Rapport - La Documentation française
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– Annexe VII, page 4 –<br />
En revanche, le poids relatif de l’outre-mer, et plus spécifiquement de la Guyane et<br />
de la Guadeloupe, fait apparaître une problématique spécifique pour ces départements, compte<br />
tenu du nombre élevé d’étrangers en situation irrégulière qui transitent par ces départements.<br />
En ce qui concerne la Guyane, si le nombre de bénéficiaires de l’AME dépasse<br />
les 15 000 au 30 septembre 2006 pour une population totale d’environ 200 000 habitants<br />
(soit 7 % de la population à l’AME contre 0,3 % pour la France entière), le nombre d’étrangers<br />
en situation irrégulière à chaque instant sur le territoire est estimé par le directeur de la direction<br />
de la santé et du développement social du département à 35 000, soit un habitant sur six. Les<br />
patients étrangers constituent plus de la moitié de la fréquentation du centre hospitalier de<br />
Saint-<strong>La</strong>urent du Maroni, puisque cet établissement est le lieu d’hospitalisation de droit<br />
commun des Surinamais habitants du fleuve.<br />
Dans ce contexte, il n’apparaît guère étonnant que 1 992 étrangers en situation<br />
irrégulière aient reçu des soins hospitaliers au cours de l’année 2005, dont plus de la<br />
moitié (52,7 %) concernaient de la gynécologie obstétrique et plus du quart (26,2 %) des soins<br />
chirurgicaux (le plus souvent dans des situations d’urgence et liés à des traumatismes), la<br />
rétrocession de médicaments anti-rétroviraux représentant un autre poste important de dépense<br />
de soins urgents. L’analyse de l’origine géographique de ces patients fait ressortir une part<br />
majoritaire des ressortissants du Surinam (62,5 %) et un nombre important de<br />
Brésiliens (25,7 %).<br />
3. Des contrôles par les CPAM d’une rigueur variable<br />
<strong>La</strong> mission a constaté une hétérogénéité des pratiques en termes de contrôles des<br />
factures de soins urgents entre les départements qu’elle a visités.<br />
Ainsi, à Bobigny, aucun médicament n’a été facturé au titre des soins urgents<br />
en 2004 car les hôpitaux n’avaient pas connaissance du fait que ceux prescrits lors de la<br />
délivrance des soins urgents pouvaient entrer dans l’enveloppe correspondante 7 . En outre, un<br />
filtrage des dossiers individuels et la recherche systématique d’une autre couverture sociale pour<br />
tous les dossiers présentés ont conduit la CPAM de Bobigny à rejeter plus de la moitié des<br />
factures présentées par les hôpitaux au cours de cette première année du dispositif (seul un<br />
montant de 1,06 M€ a été payé sur un total de 2,16 M€ de factures présentées).<br />
De même en Guadeloupe, les données fournies par la CNAMTS indiquent que plus<br />
du quart du montant facturé par les hôpitaux (6,22 M€) n’a pas été payé au titre de<br />
l’année 2004, puisque les soins urgents réellement payés dans ce département ne se sont<br />
finalement élevés qu’à 4,56 M€.<br />
À l’inverse, à Marseille, les factures ont été transmises à la CPAM au fil de l’eau<br />
par les centres hospitaliers accompagnées d’une attestation de l’urgence médicale signée par un<br />
praticien hospitalier, afin d’obtenir une pré-validation du fait que ces dépenses entraient bien<br />
dans le cadre des soins urgents. Pour autant, les agents de la CPAM ne semblent pas avoir rejeté<br />
de factures (les quelque 918 000 € présentés ont été presque intégralement payés du fait de<br />
contacts informels avec le service administratif des centres hospitaliers ayant permis de filtrer<br />
leurs demandes) et ont indiqué ne pas réaliser de contrôle exhaustif du bien-fondé de l’urgence<br />
de soins.<br />
7 Les médicaments peuvent être pris en charge dans ce cadre si la prescription initiale est établie par un médecin de<br />
l’hôpital, et qu’un praticien de cet établissement a attesté que la délivrance de médicaments, postérieurement aux<br />
soins délivrés dans la structure, est indispensable au succès du traitement engagé.