Rapport - La Documentation française
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– <strong>Rapport</strong>, page 33 –<br />
D’autre part, l’intégration de l’AME dans la CMU se heurterait à des obstacles<br />
pratiques, puisque les caractéristiques mêmes de la population concernée empêchent la mise en<br />
place d’un dispositif de couverture sociale totalement identique :<br />
- l’immatriculation des étrangers en situation irrégulière ne pourrait pas toujours<br />
suivre la procédure prévue pour les assurés sociaux, du fait de l’impossibilité de<br />
leur attribuer systématiquement un NIR et de les inscrire au répertoire national<br />
inter-régime de l’assurance maladie (RNIAM) ;<br />
- l’octroi de cartes Vitale, qui n’ont en pratique pas de limitation de durée de<br />
validité, entre en contradiction avec l’absence de régularité au regard du droit du<br />
séjour de cette population, dont découle en principe une durée de résidence<br />
limitée sur le territoire français 53 .<br />
Enfin, une telle fusion des dispositifs poserait des problèmes d’équité envers les<br />
assurés sociaux. Permettre aux personnes en situation irrégulière d’accéder à la CMU mettrait<br />
au même niveau de droits les étrangers en situation irrégulière et ceux en situation régulière<br />
alors qu’il ne serait pas possible de leur imposer les mêmes devoirs : il ne serait notamment pas<br />
possible de leur demander de justifier leur niveau de ressources, invérifiables le plus souvent,<br />
alors qu’on l’exige des bénéficiaires de la CMU.<br />
Au total, ces différents obstacles, à la fois symboliques et techniques,<br />
l’emportent sur les avantages escomptés. <strong>La</strong> mission considère par conséquent qu’il<br />
convient d’écarter une fusion de la CMU et de l’AME.<br />
2. Attribuer une carte spécifique aux bénéficiaires de l’AME, sans pour autant<br />
en faire des assurés sociaux, pourrait constituer une solution efficace<br />
L’amélioration du dispositif actuel de prise en charge des étrangers en situation<br />
irrégulière demeure nécessaire, que ce soit pour mieux garantir l’accès aux soins de ville ou<br />
pour sécuriser le dispositif.<br />
<strong>La</strong> création d’une carte spécifique, qui présenterait des caractéristiques techniques<br />
comparables à celles de la carte Vitale mais serait d’apparence différente, répondrait à ce<br />
double objectif tout en évitant les inconvénients d’une fusion de l’AME et de la CMU<br />
mentionnés supra (cf. § 1).<br />
Des adaptations techniques apparaissent toutefois nécessaires avant la mise en<br />
place d’une telle « carte AME » :<br />
- la mise à jour des terminaux des professionnels de santé, qui devraient<br />
reconnaître ces cartes pour pouvoir télé-transmettre les données qu’elles<br />
contiennent ;<br />
- si la création d’un fichier national nominatif des personnes en situation<br />
irrégulière n’apparaît pas nécessaire, des procédures d’immatriculation<br />
spécifiques devront être prévues 54 .<br />
53 Il semblerait délicat de récupérer les cartes Vitale des étrangers en situation irrégulière lorsqu’ils quittent le<br />
territoire (que ce soit de leur plein gré ou à l’occasion d’une reconduite à la frontière) pour les désactiver. Une telle<br />
action supposerait une coordination accrue entre les services d’immigration et la CNAMTS.<br />
54 Les difficultés liées au contrôle de l’accès à ces données rendent sans doute nécessaire une consultation de la<br />
commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).