Rapport - La Documentation française
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INTRODUCTION<br />
L’aide médicale d’État (AME) est un dispositif de prise en charge des soins des<br />
étrangers en situation irrégulière instauré par la loi n°99-641 du 27 juillet 1999 portant création<br />
d’une couverture maladie universelle. Il remplace, pour cette population, le dispositif d’aide<br />
médicale gratuite (AMG) 1 qui finançait antérieurement les dépenses liées aux soins délivrés aux<br />
personnes non affiliées automatiquement à l’assurance maladie, qu’elles soient en situation<br />
régulière ou non.<br />
Ainsi, l’existence d’un dispositif destiné à soigner les personnes en situation<br />
irrégulière ne constitue pas une nouveauté. Il doit s’analyser comme une conséquence<br />
inéluctable de la présence, plus ou moins durable sur le territoire national, d’étrangers en<br />
infraction au regard du droit du séjour.<br />
L’AME répond à un double objectif humanitaire et de santé publique, afin<br />
notamment d’éviter la propagation de maladies transmissibles. Cette prestation de solidarité est<br />
financée au moyen de crédits budgétaires à hauteur de 258 M€ en moyenne chaque année<br />
depuis 2000 2 . Elle constitue une action du programme budgétaire n°183 « protection maladie » 3 ,<br />
dont elle représente 58,5 % des crédits de paiement pour 2006 4 . Le responsable de ce<br />
programme est le directeur de la sécurité sociale (DSS) du ministère de la santé et des<br />
solidarités tandis que le budget opérationnel de programme (BOP) est géré par la direction<br />
générale de l’action sociale (DGAS) du même ministère.<br />
L’enveloppe budgétaire destinée à l’AME couvre en fait un ensemble de dispositifs<br />
dont l’objet réside dans la prise en charge des populations n’ayant pas accès aux prestations de<br />
l’assurance maladie. Ainsi, coexistent aux côtés de l’AME « de droit commun », gérée par la<br />
caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), plusieurs dispositifs<br />
d’importance variable : procédure dite des « soins urgents », AME « humanitaire », évacuations<br />
sanitaires de Mayotte vers <strong>La</strong> Réunion, soins des personnes gardées à vue ou en rétention<br />
administrative (cf. annexe VII). <strong>La</strong> mission les a inclus dans le périmètre de son étude, même si<br />
les investigations se sont focalisées sur l’AME de droit commun, qui représente en<br />
moyenne 89 % de la dépense annuelle de l’enveloppe.<br />
Depuis 2000, la dépense facturée par la CNAMTS pour l’AME de droit commun<br />
excède régulièrement et de manière significative la dotation budgétaire de l’État, ce qui a<br />
conduit à la constitution d’une dette revendiquée par la CNAMTS, qui en supporte le coût. Le<br />
ministère de la santé et des solidarités et le ministère de l’économie, des finances et de<br />
l’industrie ne s’accordent pas sur le montant des crédits nécessaires pour financer l’AME, le<br />
second s’interrogeant sur la réalité de la dépense imputable à l’AME.<br />
1 Créé en 1953 et transféré en 1984 aux départements dans le cadre de la décentralisation.<br />
2 Crédits ouverts en lois de finances initiales et en loi de finances rectificatives.<br />
3 Ce programme fait partie de la mission « solidarité et intégration ».<br />
4 Les autres actions du programme sont l’accès à la protection maladie complémentaire (114 M€) et le fonds<br />
d’indemnisation des victimes de l’amiante (50 M€).