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, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

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Toutefois, l’ambiguïté va plus loin car le modèle, supposé aider lacréation, peut aussi bien l’empêcher. Les modèles sont alors responsables del’échec de l’artiste par leurs propres imperfections. Ainsi Frenhofer envisage departir en Orient pour trouver le modèle idéal. Coriolis se plaint du manque debeaux modèles : « Il n’y a plus un corps à Paris… Voyons !voilà six mois quenous n’avons pu avoir un modèle propre… Une femme qui ait pour un liard derace, de distinction, un ensemble pas trop canaille […] » (G258). Nous retrouvonscette colère de l’artiste face à l’imperfection des modèles chez le sculpteur deZola, Mahoudeau que nous avons cité plus haut. L’échec de l’artiste à représenterle corps de la femme est en partie dû au modèle. Mais, lorsqu’un modèle parfait seprésente, comme Gilette « […] incomparable beauté [qui] se trouve sansimperfection aucune » (B60), ou Manette (G273) ou Christine (Z71), la beautéparfaite du modèle reproduite ne suffit pas au chef d’œuvre. Il semble qu’il faillevampiriser l’amour du modèle et la vie du peintre pour l’injecter dans l’œuvre 69 . Ilest impossible de posséder la femme réelle et imaginaire 70 . La femme réelle sefige et se sacrifie pour donner vie à la femme imaginaire. Mais cette quête de laFemme imaginaire parfaite semble impossible puisque tous les artistes enmeurent : Frenhofer meurt de l’imperfection de Catherine Lescault, Coriolismeurt artistiquement de Manette et Claude meurt de sa « Femme […] symboliqueidole» (Z397). La quête de la transposition du corps parfait de la femme sur unetoile est une quête impossible. Le modèle est donc à la fois adjuvant et opposantdans la réalisation de cette recherche d’absolu.1.4.3 L’art contre l’amourCrouzet dans son introduction à Manette Salomon soutient que « L’artiste ne naîtplus d’une conversion de l’amant, il est son antagoniste » (G21). Il semble en effetque les romans d’art soient le récit d’une lutte, celle de l’amour contre l’art et seull’un d’entre eux peut sortir victorieux. Ce motif est là encore récurrent dans lesouvrages étudiés.• L’amour tue l’art :69 G. DIDI-HUBERMAN parle « […] d’un échange. « Femme pour femme », dit Porbus. », dans sonouvrage, La peinture incarnée, Les éditions de Minuit, Paris, 1985, p. 62.70 Ce motif récurrent se trouve aussi dans le roman Les martyres d’Arezzo de Lefèvre-Deumier.99

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