10.07.2015 Views

, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

sensibilité physique extrême de l’artiste à cette nature. Leur définition de l’artisteest : « une espèce d’être impressionnable, d’une délicatesse infinie, un vibrantdoué d’une manière supérieure […] » 69 . Il y a donc ici aussi un agent externe etinterne impliqués dans la création mais moins de mystère : la beauté de la natureremplace l’inspiration divine et la capacité de vibrer, la sensation remplace lesentiment. Dans le cadre de cette étude, nous définirons le sentiment comme uneémotion du cœur et de l’esprit, et la sensation comme une émotion du corps, uneréaction physiologique 70 .Pour Crescent, le paysan apôtre, la création artistique est quasi-religieuse.C’est un hommage rendu à la nature. C’est un peintre qui va chercher ses motifs àl’extérieur, et ce qu’il cherche à rendre sur sa toile, c’est la sensation physique dela nature.Sa peinture faisait respirer le bois, l’herbe mouillée, la terre des champs crevassée àgrosses mottes, la chaleur et, comme dit le paysan, le touffo d’une belle journée, lafraîcheur d’une rivière, l’ombre d’un chemin creux : elle avait des parfums, desfragrances, des haleines. De l’été, de l’automne, du matin, du midi, du soir, Crescentdonnait le sentiment, presque l’émotion, en peintre admirable de la sensation (G361).Plus que le sentiment, c’est la sensation que Crescent va transmettre. Il va fairesentir physiquement au spectateur le Beau. Le procédé de Crescent pour parvenirà cela se divise en deux étapes. La première est contempler et sentir, laisser sefaire en lui « […] ces études errantes, qu’il faisait hors de son atelier, sanspeindre, sans dessiner, plongé dans l’infini des ciels et des horizons, […]s’éblouissant de la lumière, buvant des yeux l’aurore, le coucher de soleil, lecrépuscule, aspirant les chaudes odeurs du blé mûr […] » (G373). Puis il y a unecertaine magie qui s’opère de retour à l’atelier, devant la toile : le paysage « […]naissait magiquement sur sa toile » (G391) sans effort. Les Goncourt font donnerà Crescent quelques explications techniques succinctes puis quelques phraseséparses durant la création, à la fin le discours devient de plus en plus incohérentjusqu’à être « […] l’envolée d’une cervelle vers l’absurde, l’irrationnel, le fou »(G392). Comme nous l’avons déjà montré, Crescent est l’artiste idéal des69 E. et J. Goncourt, Journal, Robert Laffont, Paris, 1989, Tome II, p. 111. 18 septembre 1867.70 Nous avons conscience du fait que ces définitions peuvent porter à discussion mais il nous semblenécessaire pour la clarté de notre étude de définir ces termes de façon simple afin de pouvoir bien lesdistinguer.150

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!