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, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

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Le mythe de Pygmalion ne peut être, chez Ovide, considéré exclusivement ni comme unmythe de la piété récompensée, ni comme un mythe de l’amour, ni comme un mythe del’artiste. Les significations coexistent, s’imbriquent et se font écho et c’est cettepolysémie latente du mythe qu’Ovide transmet à ses successeurs 3 .C’est avec Rousseau que le mythe de Pygmalion se centre sur le personnage del’artiste. En effet, dans sa pièce Pygmalion, rédigée autour de 1762 et représentéepour la première fois à Paris en 1775 4 , Rousseau reprend le personnage d’Ovideen le modifiant quelque peu. Tout d’abord, la pièce entière se déroule dansl’atelier de l’artiste, comme l’indique la didascalie : « Le théâtre représente unatelier de sculpteur » 5 . Cette indication fait de Pygmalion un artiste de profession.La scène de l’autel de Vénus disparaît, effaçant le rôle des dieux dans l’animationde la statue. La statue elle-même devient un personnage à part entière, enacquérant avec Rousseau quelques répliques et un prénom : Galathée. PourGeisler-Szmulewicz : « […] le mythe de Pygmalion est pour Rousseau, demanière explicite, un mythe d’artiste et un mythe de la création et non plus unmythe d’amour » 6 . Notons cependant que la pièce de Rousseau nous semble êtreun mythe d’amour, mais d’amour de l’artiste pour sa création, pour son propretalent de créateur. L’animation de la statue semble se faire plus par le pouvoir del’artiste que par l’intervention divine : « Je crois dans mon délire pouvoirm’élancer hors de moi, je crois pouvoir lui donner ma vie et l’animer de monâme » 7 . Ce transfert de la puissance vitale de l’artiste vers l’œuvre se retrouvedans le mythe du XIXe siècle. Parallèlement, l’intervention divine dansl’animation de la créature disparaît progressivement. La principale différence quenous relevons entre le texte de Rousseau et celui d’Ovide est que nous sommes enprésence d’un artiste qui ne fait qu’un avec son œuvre. Considérons le passagefinal de l’éveil de Galathée :3 A. GEISLER-SZMULEWICZ, Le Mythe de Pygmalion au XIXe siècle, Honoré Champion éditeur, Paris,1999, p. 38.4 J.J. ROUSSEAU, Pygmalion, dans Œuvres Complètes, Tome X, Garnery, Paris, 1823, p. 338.5 Idem, p. 339.6 A. GEISLER-SZMULEWICZ, Le Mythe de Pygmalion au XIXe siècle, Honoré Champion éditeur, Paris,1999, p. 39.7 J.J. ROUSSEAU, Pygmalion, dans Œuvres Complètes, Tome X, Garnery, Paris, 1823, p. 344.28

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