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, ARTISTE DANS 'ONCOURT - Doria

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Les enfants ratés sont donc un symbole de l’impuissance, de la stérilitéartistique des personnages. Bongrand, à la fin de l’œuvre, associe l’enfant etl’œuvre en disant : « Autant partir que de s’acharner comme nous à faire desenfants infirmes, auxquels il manque toujours des morceaux, les jambes ou la tête,et qui ne vivent pas » (Z407). Nous retrouvons le même type d’association dès lePygmalion de Rousseau, où le personnage présenté dans le mélodrame « neproduit ni oeuvre, ni descendance» 72 , au contraire de la figure d’Ovide qui a unedescendance. L’artiste est donc dans les romans du XIXe siècle un hommedoublement stérile, artistiquement et humainement.1.5.2 Le feu et le suicideEliade souligne l’importance du feu dans les mythes 73 . Dans nos trois romansd’artiste, le feu a une signification particulière.Chez Balzac, le feu est la menace ultime faite au peintre : « […] je mettraile feu à ta maison » est la menace faite par Poussin à Frenhofer avant de laisserGilette poser. En effet, le peintre ne meurt réellement que lorsque son œuvredisparaît. Son espoir d’immortalité est alors détruit. Le feu semble être le seulmoyen d’anéantir réellement un tableau. Lorsque Coriolis, par vengeance contreManette, décide de détruire ses toiles, c’est par le feu qu’il s’exécute (G519).Claude se venge sur ses toiles des refus du Salon en les éventrant. Or l’une d’entreelles, un petit paysage, est non seulement refusé mais la critique parle deconcessions faites pour être reçu. Cette fois-ci non seulement Claude éventre satoile mais il la brûle : « Celle-ci, il ne suffisait pas de la tuer d’un coup de couteau,il fallait l’anéantir » (Z270). De même, lorsque Christine fait « blasphémer »Claude, elle lui demande de brûler ses tableaux. A la mort de Claude, Sandoz,pour se venger de la mort de son ami, brûle la grande toile (Z399). Il semble quece soit le seul moyen de se venger de l’art, de l’anéantir par le feu. Ce motif dufeu est associé au suicide de l’artiste, à sa mort artistique.Crouzet soutient que « le roman de l’artiste, c’est sa mise à mort » 74 . Dansla dernière version du Chef-d’œuvre inconnu, Balzac associe la mort de l’artiste72 A. GEISLER-SZMULEWICZ, Le Mythe de Pygmalion au XIXe siècle, Honoré Champion éditeur, Paris,1999, p. 54.73 M. ELIADE, Aspects du mythe, collection idées, éd. Gallimard, Paris, 1963, p.172.102

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